Que dit l’Église aux compositeurs et éditeurs (pour les chants de la messe) ? — Ressources liturgiques - Association Sacrosanctum Concilium

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Que dit l’Église aux compositeurs et éditeurs (pour les chants de la messe) ?

Ce texte, volontairement concis, a été élaboré avec le concours des Correspondants provinciaux de musique liturgique. Il a également fait l'objet d'une concertation avec le président de l'ACCREL (l'Association des Auteurs et Compositeurs de chants RELigieux).
Il a été amendé et validé le 28.07.2018 par Mgr Michel Pansard, évêque référent pour la musique liturgique.
Il est destiné aux compositeurs et à leurs éditeurs.

Sœur, Frère, Père, Madame, Monsieur,

Vous écrivez pour la liturgie et l’Église vous en est reconnaissante. Nous avons ressenti le besoin avec le concours des correspondants provinciaux de musique de mettre par écrit des points d’attention à la lumière des évolutions de ces dix dernières années.

Généralités


Les mises en œuvre

  • il est vivement souhaité qu’une version - unisson et accompagnement simple - soit proposée le plus souvent possible, l’unisson devrait être un préalable à toute éventuelle élaboration polyphonique
  • il est aussi suggéré de réaliser des accompagnements simples destinés aux organistes ou claviéristes aux moyens modestes qui rendent de grands services aux communautés
  • il est demandé de prendre en compte les possibilités actuelles de nos assemblées en leur proposant un ambitus raisonnable (difficultés en dessous du la 2 et au-dessus du ré 4)
  • il est souhaité que selon les moyens humains et instrumentaux l’on puisse varier les mises en œuvre et que les compositeurs prévoient pour le même chant plusieurs arrangements instrumentaux.

Les chants de l’ordinaire

  • on composera la musique sur des textes préalablement approuvés par la Conférence des évêques (PGMR 48)
  • des chants différenciés qui favorisent l’entrée de l’assemblée dans l’attitude qui convient : un Kyrie n’est pas un Alleluia. (Éviter les ordinaires qui sont construits sur un modèle unique).

Au cours de la messe


Le chant d’ouverture

Recommandations :

  • nous rappelons la diversité des formes pouvant être employées (cantique à refrain, hymne, litanie, tropaire) ; il serait dommage qu’une seule forme soit employée. 

L’acte pénitentiel

Observations :

  • les formes tropées sont largement utilisées
  • elles ont souvent contribué à un développement très long du rite

Recommandations quand ce rite est prévu au début de la messe : 

  • On utilisera les quatre formes proposées par la PGMR (n°52).
  • Pour la forme 1 on composera toujours un Kyrie simple en français ou en grec.
  • Si l’on compose un Kyrie tropé (avec invocations) on intègrera de préférence toujours les invocations prévues par le Missel. On pourra avec discernement proposer une sélection de tropes complémentaires.
  • Lorsque la liturgie nous invite à chanter le Gloria la tonalité du Kyrie sera choisie avec soin en fonction du Gloria (au ton relatif ou aux tons voisins) à venir pour que la transition se produise logiquement.
  • On pourra proposer une musicalisation de la prière pour le pardon qui précède le Gloria (« Que Dieu tout-puissant nous fasse miséricorde … »)

Le Gloria in excelsis

Observations :

  • Le texte est en trois parties enchaînées (louange, supplication, louange).
  • Les Gloria à refrain se sont multipliés.
  • Or le Gloria est une hymne en prose - nous manquons de formes simples et ingénieuses.

Recommandations :

  • On fera tout son possible pour le chanter.
  • Les modifications de paroles ne peuvent être encouragées (paraphrase, transformation) : on ne modifiera pas le texte de cette hymne liturgique ancienne (en l’état depuis le IVe s.), qui n’est ni métrée, ni trinitaire dans sa structure. On en respectera donc la forme et le texte. (PGMR 53).
  • La forme « durchkomponiert » (composé d’un bout à l’autre) est ici en parfaite adéquation avec la forme littéraire.
  • Composer des Amen vraiment conclusifs, n’appelant aucune reprise supplémentaire.

Le psaume responsorial

Observations : 

  • Une mise en œuvre unique s’est souvent généralisée : l’antienne reprise après chaque strophe et la psalmodie confiée au psalmiste.

Recommandations :

  • Encourager la richesse et la diversité des mises en œuvre (PGMR 61).
  • Pour une appropriation aisée (et rapide) l’antienne doit pouvoir être chantée à l’unisson.
  • Il est cohérent de composer l’antienne et un ou plusieurs tons psalmiques s’y rattachant.
  • Éviter que la polyphonie vienne brouiller la compréhension des paroles, l’unisson est de loin préférable.
  • Ne pas oublier que le psaume responsorial est une lecture proclamée à part entière et qu’elle a la particularité d’être « légèrement » musicalisée .

L’acclamation avant l’Évangile

Observations :

  • Dans beaucoup de lieux le verset alléluiatique (ou durant le Carême) est encore récité, souvent par ignorance, empêchant le lyrisme de l’acclamation de se prolonger.

Recommandations :

  • Proposer un ton, associé à chaque acclamation, pour pouvoir chanter le verset.
  • Proposer des mélodies associées à des temps liturgiques particuliers (ex. : sobres pour l’Avent et le Carême, festifs au Temps pascal, etc.)
  • Musicaliser l’ensemble de l’acclamation (acclamation-verset(s)-dialogue-un ton de cantillation pour la proclamation-acclamation finale).

La Prière des fidèles

Recommandations : 

  • Pour les temps forts de l’année liturgique on peut, pour les intentions, proposer des tons de cantillation.

La préparation des dons

Observations :

  • On constate en ce moment un développement « fourre-tout » (chants de louange, chants d’adoration eucharistique).

Recommandations :

  • Il nous faut des chants dont les paroles expriment la participation de tous les baptisés, en vertu de leur sacerdoce commun, à l’offrande eucharistique. L’Église rassemblée présente au Seigneur ses propres offrandes, ses propres vies et non pas déjà le Corps et le Sang du Ressuscité.

La Prière eucharistique.

Observations :

  • Il nous manque des Sanctus qui s’enchaînent aisément à la Préface cantillée.

Le Sanctus.

Observations : 

  • On constate trop de Sanctus bavards, inutilement longs et répétitifs : n’oublions pas que le Sanctus est la reprise textuelle du cri des séraphins « L’année de la mort du roi Ozias, je vis le Seigneur qui siégeait sur un trône très élevé ; les pans de son manteau remplissaient le Temple. Des séraphins se tenaient au-dessus de lui. Ils avaient chacun six ailes : deux pour se couvrir le visage, deux pour se couvrir les pieds, et deux pour voler. Ils se criaient l’un à l’autre : « Saint ! Saint ! Saint, le Seigneur de l’univers ! Toute la terre est remplie de sa gloire. » Les pivots des portes se mirent à trembler à la voix de celui qui criait, et le Temple se remplissait de fumée. » (Is 6, 1-4) et qu’il doit commencer par un triple Saint éclatant (le 3e s’enchaînant avec « le Seigneur »). 

Recommandations :

  • S’en tenir strictement au texte du Missel
  • Éviter les reprises du premier verset pour favoriser la concision et l’élan acclamatoire
  • Écrire les brefs accords introductifs pour montrer une manière encourageant à la brièveté si la Préface n’est pas cantillée
  • La totalité du texte doit pouvoir être chanté par tout le peuple
  • Le Sanctus ouvre la Prière eucharistique qui peut être cantillée. Il peut se terminer par une cadence suspensive (exceptions : les Prières eucharistiques pour assemblées d’enfants).

L’acclamation d’anamnèse.

Recommandations : 

  • Prendre les (3) versions du Missel (exceptions : les Prières eucharistiques pour assemblées d’enfants)
  • On s’adresse au Christ à la deuxième personne du singulier.

La doxologie finale de la Prière eucharistique.

Recommandations :

  • Composer des Amen développés au caractère conclusif.

Le Notre-Père.

Recommandations : 

  • Tout le peuple doit pouvoir chanter
  • Composer des ensembles englobant l’invitatoire, la prière, l’embolisme et la doxologie
  • A la messe, on ne chante pas « Amen » après le NP, ni après la doxologie.

L’Agneau de Dieu.

Observations : 

  • Il y a une évidente contradiction à souligner la relation entre le geste rituel qui est bref, et un chant qui dure souvent plus longtemps.
  • Néanmoins, à des occasions particulières, la Fraction du Pain peut être développée. Il ne faut donc jamais oublier que le chant de la fraction doit accompagner la durée du rite. 

Recommandations : 

  • Composer des Agneau de Dieu concis, pouvant être chantés avec ou sans tropes afin de pouvoir être adaptés à la durée du rite
  • Il serait souhaitable de distinguer le dernier verset (Donne-nous la paix) par une mélodie qui lui serait propre.

Le processionnal de communion (PGMR 86).

Recommandations : 

  • Privilégier la forme couplets-refrain avec un refrain facilement mémorisable.
  • Développer un répertoire polyphonique destiné aux chorales.
  • Composer des interludes instrumentaux (calibrés) pour différents niveaux techniques.

L’hymne après la communion (PGMR 88).

Recommandations :

  • Privilégier la forme strophique.
  • A cet instant de la liturgie il n’est pas approprié de s’adresser à la Vierge Marie.

Le chant d’envoi.

Observations : 

  • Celui-ci n’est pas prévu par le Missel (PGMR 90) et pourtant il s’est quasiment généralisé.

Recommandations :

  • Le génie des auteurs et des compositeurs est ici très attendu pour créer une forme brève, enlevée et conclusive.

 

  • Sacrosanctum Concilium 1

    Extrait de la Constitution Sacrosanctum Concilium

    SC 1. Puisque le saint Concile se propose de faire progresser la vie chrétienne de jour en jour chez les fidèles ; de mieux adapter aux nécessités de notre époque celles des institutions qui sont sujettes à des changements ; de favoriser tout ce qui peut contribuer à l'union de tous ceux qui croient au Christ, et de fortifier tout ce qui concourt à appeler tous les hommes dans le sein de l’Église, il estime qu'il lui revient à un titre particulier de veiller aussi à la restauration et au progrès de la liturgie.