Note pastorale sur le chant et la musique (messe). (CEF 1965) — Ressources liturgiques - Association Sacrosanctum Concilium

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Note pastorale sur le chant et la musique (messe). (CEF 1965)

Avertissement : ce texte publié en 1965, juste après le Concile, à un moment où le « chant d'église » se cherche est donné ici à titre historique, même si il est intéressant de le connaître. Quand la schola est évoquée, on peut traduire par « chorale ».
« La période de mise en route de la réforme liturgique, que nous vivons en ce moment, comporte inévitablement des ajustements délicats. On ne peut totalement éviter ces tâtonnements. »

Note pastorale sur le chant et la musique dans la célébration de la messe

Commission Episcopale de Liturgie (mai 1965)


La période de mise en route de la réforme liturgique, que nous vivons en ce moment, comporte inévitablement des ajustements délicats. On ne peut totalement éviter ces tâtonnements. Mais il importe d'autant plus d'avoir présentes à l'esprit quelques lignes directrices susceptibles de jalonner la recherche.

Un des points les plus difficiles est celui du chant et de la musique, en raison de l'introduction du chant français dans la liturgie et du développement de la participation active des fidèles, conséquences de la Constitution conciliaire.

Sur proposition du Comité épiscopal de musique sacrée, la Commission épiscopale de liturgie a jugé opportun de donner les précisions suivantes, qui pourront servir de base à un dialogue entre les pasteurs et tous ceux qui ont des responsabilités dans la célébration de la messe, en premier lieu les maîtres de chapelle et organistes. Elles découlent tant des documents conciliaires que des ordonnances et directives de l’Episcopat français, et ne font que poser un certain nombre de jalons.

On y aborde les points suivants :

I. La schola et l’assemblée
II. La langue des chants liturgiques
III. La messe chantée
IV. La messe lue avec chants
V. L'orgue
VI. Le silence

Référence est faite à la Constitution De Sacra Liturgia (C.S.L.) et aux Directives pratiques de la Commission épiscopale de liturgie (D.P.).

I. La Schola et l'assemblée.

1. Deux articles de la Constitution liturgique éclairent notre réflexion :

«  L'action liturgique présente une forme plus noble lorsque les offices divins sont célébrés solennellement avec chant, que les ministres sacrés y interviennent et que le peuple y participe activement » (C.S.L., n. 113 ; cf. D.P., n. 124).
« Dans les célébrations liturgiques, chacun, ministre ou fidèle, en s'acquittant de sa fonction, fera seulement et totalement ce qui lui revient en vertu de la nature de la chose et des normes liturgiques » (C.S.L., n. 28).

Un effort de pastorale liturgique dans le domaine du chant veillera donc à promouvoir, en respectant leur hiérarchie, les diverses fonctions liturgiques. Il serait gravement dommageable que le renouveau du chant de l’assemblée détruise la diversité des acteurs (célébrant, diacre, lecteur, psalmiste, schola, assemblée, organiste) et le rôle propre de chacun. Il fut un temps où, parfois, l'assemblée ne faisait rien. Il ne faut pas que désormais elle fasse tout.

2. La schola tient une place organique dans toute célébration qui comporte des chants. Beaucoup de grandes paroisses ont une schola exercée et vivante. Elle doit jouer un rôle important dans la mise en place de la réforme liturgique.

Il serait dommage pourtant que dans ces paroisses on se contente d'une schola à la messe principale. Les éléments paroissiaux les plus dynamiques en ce domaine pourraient aider à constituer et animer des petits groupes, susceptibles de jouer, aux autres messes qui comportent des chants, un rôle analogue.

La plupart des paroisses rurales ont ou peuvent avoir un petit groupe de chanteuses, et si possible de chanteurs. Grouper une schola, l'intéresser, la former, cela requiert beaucoup de patience et de persévérance. Mais il faut avoir conscience que, ce faisant, on contribue grandement à la vérité et à la dignité de la célébration (cf. D.P., n. 125).

3. Avec les autres ministres, « ceux qui appartiennent à la schola cantorum s'acquittent d'un véritable ministère liturgique. C'est pourquoi ils exerceront leur fonction avec toute la piété sincère et le bon ordre qui conviennent à un si grand ministère, et que le peuple de Dieu exige d'eux à bon droit. »
« Aussi faut-il soigneusement leur inculquer l'esprit de la liturgie, selon la mesure de chacun, et les former à jouer leur rôle de façon exacte et ordonnée » (C.S.L., n. 29).

C'est pourquoi les pasteurs, tout en veillant à assurer à leurs choristes une bonne formation musicale, auront à cœur de leur donner une solide éducation liturgique, et de les aider à découvrir toute l’importance de leur rôle dans la célébration. Bien entendu, on tiendra compte des possibilités locales.

Les commissions diocésaines et les directeurs diocésains de musique sacrée, en collaboration ou dans le cadre des commissions de pastorale liturgique, doivent considérer comme une de leurs tâches primordiales d'aider l'ensemble des diocèses, et particulièrement les paroisses rurales, dans une telle formation liturgique et technique (cf. également C.S.L., n. 115).

4. L'exécution de pièces plus ornées ou de polyphonie contribue à la solennité de la célébration, dans la mesure où ces pièces sont aptes à tenir la place qui leur revient en fonction des exigences de la liturgie, et adaptées aux possibilités réelles de la chorale. Mais il faut en outre remarquer que leur préparation constituera un objectif susceptible de développer l'intérêt des participants, et ce point n'est pas à négliger.

5. Le chant de l’assemblée suppose un effort pastoral, persévérant pour être efficace. On ne peut se résigner à la médiocrité, indigne du peuple de Dieu et incapable de porter vraiment la prière.

La schola sera souvent un élément déterminant du chant de l'assemblée, soit qu'elle alterne avec elle et lui donne ainsi une impulsion, soit qu'elle l'entraîne. L'usage de chants à courts refrains peut aider à promouvoir la participation de l’assemblée. Il serait toutefois regrettable de s'y limiter : la voix du peuple doit pouvoir aussi s'épanouir en des mélodies plus développées, pour que celui-ci ait en quelque sorte le temps de s'y engager.

6. Mis à part le cas de tous les ministres du sanctuaire, le chant en solo tient, dans la célébration, une place limitée : certains versets de psaumes ou de cantiques. L'utilisation du micro exige alors beaucoup de discrétion.

Il serait contraire à l'esprit de la liturgie de remplacer le rôle de la schola par l'intervention constante d'un soliste au micro. Il serait dangereux de croire qu'on entraîne la foule en abusant également du micro pour chanter avec elle : le résultat obtenu est souvent opposé.

II. La langue des chants liturgiques.

1. Dans les circonstances actuelles, le rôle des commissions diocésaines et des directeurs diocésains de musique sacrée, en collaboration ou dans le cadre des commissions diocésaines de pastorale liturgique, est particulièrement important : susciter la création musicale de mélodies adaptées aux textes français, les faire expérimenter, en contrôler l'usage et envoyer les rapports convenables au Centre national de pastorale liturgique, orienter le choix des cantiques, aider les paroisses à établir leurs programmes de chants en fonction des possibilités locales

2. L'établissement des programmes de chants exige tout à la fois un authentique sens pastoral et une fidélité aux Directives de l'Épiscopat, que nous reproduisons ici :

  • « L'Épiscopat entend accepter pleinement les conséquences de la Constitution De Sacra Liturgia concernant l'utilisation de la langue vivante dans les chants liturgiques "selon les normes et les rubriques" prévues, en vue d'une participation des fidèles ».
  • « L'Épiscopat, d'autre part, a conscience qu'il faut maintenir le patrimoine et le "trésor de la musique sacrée" constituée par le chant grégorien et la polyphonie qui, utilisés judicieusement, favorisent la prière et la participation des fidèles » (Directives du 6 mai 1964 ; cf. C.S.L., n. 54).

Dans les cas où on utilisera la langue latine, on se préoccupera de l’intelligence des textes par les fidèles,afin que leur participation ne soit pas seulement active, mais aussi consciente et fructueuse (cf. C.S.L.,nn. 14 et 48).

III. La messe chantée.

1. « Par messe chantée, le droit liturgique entend la messe dans laquelle le célébrant chante les parties qu'il doit chanter selon les rubriques (cf. Instruction du 3 septembre 1958, n. 3) et où, par conséquent, le peuple aussi répond en chantant » (D.P., n. 6)

2. « La messe chantée est recommandée comme la plus conforme à la célébration communautaire. Elle seule donne au célébrant lui-même toute la participation qui est la sienne, y compris le chant » (D.P., n. 125).

Il faut prendre conscience que la solennité et la festivité que le chant procure à la célébration doivent d'abord concerner le célébrant : c'est lui qui est en effet l'acteur principal, et tout l'effort de pastorale liturgique doit viser à mettre en relief son rôle de président de l’assemblée. Le dialogue et les prières sacerdotales prennent toute leur valeur lorsque la parole y atteint ce sommet d'expression qu'est le chant.

3. La messe chantée « garde donc ou doit retrouver la première place dans les messes dominicales, en tenant compte de l'effort d'éducation du peuple qu'elle exige » (D.P., n. 125).

La réforme liturgique facilite la restauration de la messe chantée en permettant, notamment par l'introduction du français, une participation plus active et plus fructueuse de l’assemblée.

4. Les chants du Propre font normalement appel à la schola. Toutefois, les Directives pratiques soulignent que « rien n'empêche d'ajouter un refrain du peuple, tiré de l'antienne et du psaume, entre les versets » du psaume (n. 25).

On usera avec modération du genre récitatif en français. Ce genre convient aux versets du Graduel ; il est aussi à sa place dans les versets des psaumes d'Introït et de Communion. Dans l'état actuel des textes, il ne semble pas indiqué de l'appliquer aux antiennes elles-mêmes (Introït, Communion).

Lorsque la schola est capable de leur donner leur richesse d'expression, il est bon de maintenir le chant grégorien de certaines antiennes du Propre : Puer natus est, Spiritus Domini, Gaudeamus, etc., ou de certains répons : Christus factus est, etc., plus connus et caractéristiques.

Bien mieux, compte tenu de ce qui a été dit plus haut au sujet de « l'intelligence des textes par les fidèles » et de leur « participation active et fructueuse » (II, 2), une schola bien exercée peut toujours exécuter le Propre en grégorien, qui demeure « le chant propre de la liturgie romaine et qui, toutes choses égales d'ailleurs, doit occuper la première place » (C.S.L., n. 116). Il importe cependant que le chant grégorien du Propre n'exclue pas le chant liturgique français de telle ou telle pièce du Propre, surtout avec
participation de l’assemblée.

En attendant un répertoire adapté aux besoins actuels et de qualité, pour le chant des antiennes du Propre en français, une proclamation solennelle du texte par un soliste ou par un groupe de chanteurs exercés peut permettre l'orientation progressive vers le chant. En ce cas, on se reportera aux Directives pratiques, nn. 26 et 105.

5. Les chants de l'Ordinaire demeurent en latin à la messe chantée (D.P., n. 18). Mis à part le Sanctus, qui est normalement l'acclamation de l’assemblée unanime, on gagnera à exécuter les chants de l'Ordinaire en alternance entre la schola et l'assemblée, qu'il s'agisse d'unisson ou de polyphonie, ou des deux tour à tour.

On se souviendra que les chants du Kyriale appartiennent en partie à l’assemblée, et que les chorales doivent à l'avenir éviter d'exécuter intégralement des messes qui ne permettent pas à l’assemblée de participer au chant. Pour ouvrir très largement l'accès du peuple aux chants latins de l'Ordinaire, on s'efforcera de renouveler le répertoire en utilisant les mélodies simples du Kyriale actuel, ou celles du Kyriale simplex que vient de publier le « Conseil pour l'exécution de la Constitution ».

IV.  La messe lue avec chants.

1. Il faut aborder le problème de la messe lue en ayant dans l’esprit ce que nous avons dit plus haut, chapitre III, § 2, sur la valeur de la messe chantée. Elle doit y préparer pastoralement.

En particulier, « on aura le souci de donner au dialogue et à la récitation en commun de l'Ordinaire le caractère festif et communautaire que procure le chant à la messe chantée, ceci en tenant compte de l’assemblée et du lieu de la célébration » (D.P., n. 127).2.

2. « La messe lue gagnera à comporter, chaque fois que c'est possible, des chants déterminés par la structure de la liturgie et en tenant compte de l'importance relative de chaque chant » (D.P., n. 126).

Il serait pourtant anormal que l'on chante, à une messe lue, tous les chants du Propre et de l'Ordinaire. Le chant du Gloria et du Credo, en particulier, y serait un élément de déséquilibre. Il ne faut pas non plus majorer l'importance du chant d'offertoire. On pourra, d'ailleurs, varier d'une messe à l'autre. Les Directives pratiques (nn. 34 et 89) suggèrent d'utiliser le Kyrie et le Sanctus en grégorien. En français, il paraît peu opportun de maintenir les traductions différentes ou adaptées des chants de l'Ordinaire que l'on peut désormais chanter en français selon le texte liturgique.

3. Les psaumes et cantiques tenant la place des chants du Propre appellent, dans leur choix et leur exécution, un effort dans le sens de la qualité (cf. D.P., n. 126).

Ils seront inspirés du texte liturgique lui-même, ou appropriés à la fête, au temps liturgique, à ce moment de la messe (cf. D.P., n. 26). On aura le souci, par une catéchèse ou des monitions appropriées, d'aider les fidèles à y trouver l'expression et l'aliment de leur foi.

V. L'orgue.

1. L'orgue doit tenir sa place dans la célébration liturgique (C.S.L., n. 120), tout à la fois pour accompagner les chants et pour intervenir en soliste aux moments convenables.

2. L'organiste accompagnateur remplit une fonction très importante, du point de vue technique et communautaire, en préparant, en soutenant le chant de la schola et de l'assemblée, et en en prolongeant le bienfait.

3. L'organiste soliste exerce un rôle qui n'est pas moindre, en favorisant un climat collectif, recueilli et priant, si ses interventions sont faites dans le sens de la liturgie du jour et en fonction du déroulement de la célébration.

Un peu avant la messe, il contribuera à mettre dans une atmosphère sacrée et festive les fidèles qui arrivent à l'église. A l’offertoire, après le chant de l'antienne, l'orgue peut intervenir avec fruit (cf. D.P., n. 77).

Durant le canon de la messe, un « silence sacré » est souhaitable (cf. Inst. De Musica Sacra, n. 27 f) ; dans certains cas, ce silence n'est pas détruit, mais au contraire soutenu par un jeu d'orgue discret et adapté.

Pendant la communion des fidèles, des interludes entre les versets chantés pourraient développer les thèmes mélodiques et introduire un élément de variété (cf. D.P., n. 103).
Après la bénédiction du célébrant ou le chant de sortie, le jeu de l'orgue récapitulera heureusement le sens de la célébration liturgique.

VI. Le silence.

1. Au-delà de la parole et du chant, soutenu éventuellement par l'orgue, le silence doit tenir une place importante dans la liturgie : il est nécessaire pour développer une participation intérieure et fructueuse.

2. Les Directives pratiques en soulignent notamment la place à la collecte :

  • « Après que le célébrant les a invités à la prière (« Prions le Seigneur »), il est bon de laisser aux fidèles quelques instants de prière silencieuse : c'est leur première manière d'apporter leur participation à la prière commune » (D.P., n. 42).

l'offertoire :

  • « Un chant de l’assemblée à cet endroit n'est pas nécessaire : un chant (adapté) de la schola, un morceau d'orgue, le silence peuvent convenir tout aussi bien » (D.P., n. 77).

le canon :

« Le silence, s'il a été bien préparé, peut constituer un moyen de le mettre en relief » (D.P., n. 90).

la communion :

  • « On favorisera (le chant), en ayant néanmoins le souci d'un équilibre entre l'expression chantée et le silence, permettant un engagement plus intime dans le mystère eucharistique » (D.P., n. 103).


3. Le vrai silence dans lequel doit baigner la liturgie ne consiste d'ailleurs pas uniquement ni d'abord dans l'absence de parole ou de chant. Il doit en réalité remplir toute l’action sacrée, grâce au respect, à la dignité et à l'intériorité avec lesquels sont accomplis les rites.

 

  • Sacrosanctum Concilium 22

    Extrait de la Constitution Sacrosanctum Concilium

    Le gouvernement de la liturgie.

    SC 22.

    § 1. Le gouvernement de la liturgie dépend uniquement de l'autorité de l'Église : il appartient au Siège apostolique et, dans les règles du droit, à l'évêque.        
    §2. En vertu du pouvoir donné par le droit, le gouvernement en matière liturgique, appartient aussi, dans des limites fixées, aux diverses assemblées d'évêques légitimement constituées, compétentes sur un territoire donné.       
    §3. C'est pourquoi absolument personne d'autre, même prêtre, ne peut, de son propre chef, ajouter, enlever ou changer quoi que ce soit dans la liturgie.