Discours de Benoît XVI sur l'essence de la musique sacrée (2007) — Ressources liturgiques - Association Sacrosanctum Concilium

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Discours de Benoît XVI sur l'essence de la musique sacrée (2007)

Discours de Benoît XVI à l'occasion de la rencontre de la Hochschule für katolische Kirchenmusik une Musikpädagogik de Ratisbonne sur l'essence de la musique sacrée.

« La joie de la résurrection était bien vivante dans l'oratorio du jour de la résurrection ; on a pu se rendre compte comment de la musique très ancienne peut apparaitre fraîche et nouvelle lorsqu'ele est recréée dans les coeurs. Et j'ai pu assister à une première pour laquelle je vous remercie très cordialement : le motet Ubi caritas, ibi Deus est devenu de cette manière vivant dans nos coeurs ; vous l'avez fait retentir et vous continuerez à porter ce message. Je suis certain que ce motet sera une joie pour bien des choeurs et qu'ainsi vous pourrez apporter à beaucoup de gens  le message de l'amour de Dieu.

Cher Monseigneur,vous avez fait allusion aux origines de l'Académie de musique sacrée. Je fus présent à la célébration du centenaire et je me le rappelle bien volontiers. Votre institution était dans la seconde moitié du XIXe siècle, pour ce que j'en sais, la première école de musique de ce type et c'est même d'elle que l'Institut Pontifical de Musique  sacrée s'est inspiré. La fondation de votre institut s'est produite dans le contexte d'un nouveau réveil de la musique sacrée, d'une tentative de la concevoir de façon nouvelle et de la rénover en partant de son essence - un processus qui est toujours nécessaire. Nous savons, en effet, au terme des 130 années environ qui se sont écoulées depuis, que l'on n'y a jamais cessé de s'interoger sur la nature de la musique sacrée, sur sa réalisation correcte, sur la manière dont le Concile Vatican II a donné une nouvelle impulsion et qu'aujourd'hui la question demeure aussi vive qu'autrefois.

Si on cherche à rénover la musique sacrée à partir de son essence, se pose la question de savoir quelle est réellement cette essence - l'essence d'une musique sactée qui ne soit pas simplement une musique religieuse en général, mais la musique de l'Église ; qui ne soit pas eulement un oripeau de la liturgie, mais elle-même liturgie, comme l'a souligné Vatican II. Sur cette question, décisive pour trouver la voie du renouveau, je retiens comme principe le mot, tiré des psaumes, que saint Benoît a placé dans sa règle comme indication pour les moines de la voie à suivre : coram angelis psallam tibi, Domine - En présence des anges, je veux Te chanter ô Dieu.

Nous sont donnés ici deux points de repère. Le premier est tibi : nous chantons « pour toi ». Il s'agit d'une rencontre avec le Dieu vivant. Nous ne chantons pas simplement pour nous-mêmes mais pour quelqu'un d'autre : nous chantons à un « tu ». Nous chantons pour l'avoir devant les yeux et pour nous rapprocher de lui.Nous chantons pour Dieu, pour ce Dieu qui n'est pas pour nous un Dieu inconnu, mais qui a un visage, le visage de Jésus-Christ. Pour le Dieu qui est Logos, Parole, Raison. Dans cette rencontre, il faut donc qu'il s'agisse, d'un côtyé, d'une musique qui se sache liée à la parole ; et de l'autre, une musique qui provienne du coeur, inspirée par l'amour.

Le second point est coram angelis : en présence des anges. Benoît voulait certainement dire aux moines qu'ils devaient réfléchir au fait que les anges sont silencieusement présents au choeur, qu'ils entendent et que le chant doit être tel qu'ils puissent l'écouter. mais nous aussi chantons avec eux. Nous devrions du coup afin d'ouvrir « l'oreille du coeur » comprendre, pour ainsi dire de l'intérieur, le chant des anges, nous y accorder et chanter avec eux. Ce chanter ensemble inclut ensuite naturellement la communauté entière des saints de toute époque et de tout lieu.

Nous chantons avant tout pour ce « tu », pour l'Un. Mais nous chantons et jouons (psallere est en soi un chant accompagné d'instruments) chacun à l'unisson avec le grand cantique du ciel et de la terre, avec le chant qui traverse tous les temps. Cela signifie que la musique sacré, en s'orientant vers ce Dieu qui est Logos et Amour, et s'en laissant inspirer et toucher, se sache insérée dans l'immense chant des siècles, dans le chant des choeurs du passé et du futur, auxuqels elle s'étend. De là, dérivent, me semble-t-il, le lien et la liberté de la musique sacrée. Le lien ne consiste pas tant en des prescriptions juridiques extérieures que dans le fait que nous nous tournions vers ce « tu », que nous nous laissions former, purifier et illuminer par lui. Nous nous laisserons en même temps intégrer à la grande symphonie des « nous » où nous chercherons non seulement à ne pas y faire de fausses notes mais en plus à l'enrichir et à l'accroître. Ce lien est en même temps liberté parce que nous chantons avec l'Église du passé mais aussi avec l'Église du futur. C'est pourquoi, il est sans cesse requis d'être créatif et d'avoir l'esprit ouvert. Le fait de se recevoir du « tu » de Dieu et du « nous » de la communauté des saints n'est pas restrictif mais fournit au contraire l'inspiration nécessaire en faveur d'une vraie créativité.

L'Académie de Musique sacrée de Ratisbonne a toujours été consciente d'être tenue à ce programme. Il est sûr que sinnous regardons aujourd'hui en arrière, nous dirions qu'il y eut aussi au début des étroitesses et des restrictions. Cependant, on ne perdit jamais de vue la grande mission de servir cette manière de chanter et de jouer continuellement en présence de Dieu. Il s'agissait toujours de réaliser une musique sacrée qui soit pour Dieu et précisément pour cela une vraie musique. Elle n'aurait jamais pu s'appeler musique sacrée si elle n'avait pas appartenu non plus à la grande réalité de la musique de ce monde. »

 

 

 

  • Sacrosanctum Concilium 121

    Extrait de la Constitution Sacrosanctum Concilium

    Mission des compositeurs.

    SC 121. Les musiciens, imprégnés d'esprit chrétien, comprendront qu'ils ont été appelés à cultiver la musique sacrée et à accroître son trésor.      
    Ils composeront les mélodies qui présentent les marques de la véritable musique sacrée et qui puissent être chantées non seulement par les grandes Scholae cantorum, mais qui conviennent aussi aux petites et favorisent la participation active de toute l'assemblée des fidèles.
    Les textes destinés au chant sacré seront conformes à la doctrine catholique et même seront tirés de préférence des Saintes Écritures et des sources liturgiques.