Un article de Fr. Patrick Prétot dans Transversalités 2013/4 (N° 128), pages 187 à 191. — Ressources liturgiques - Association Sacrosanctum Concilium

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Un article de Fr. Patrick Prétot dans Transversalités 2013/4 (N° 128), pages 187 à 191.

La Revue Transversalités a rendu hommage à Jean-Yves Hameline dans son numéro 128, le dernier de 2013. De nombreuses contributions et témoignages y figurent. Patrick Prétot trace ici le cadre de cet hommage.

Professeur honoraire de l’Institut Catholique de Paris, le P. Jean-Yves Hameline, prêtre du diocèse de Nantes, est décédé le 27 juillet dernier à l’âge de 81 ans, et il a été inhumé dans sa terre natale au Pouliguen. Avant d’arriver à Paris en 1967, d’abord à l’Institut de Musique Liturgique (IML) puis, à la demande du P. Pierre-Marie Gy, à l’Institut Supérieur de Liturgie (ISL), il avait enseigné à l’Institut Catholique d’Angers. À la fois musicologue, historien, théologien et liturgiste, c’était surtout un anthropologue des rites.

2Sur le plan musicologique, outre de multiples apports dans des lieux de formation (il était par exemple membre du Conseil scientifique de l’Atelier d’Étude du Centre de Musique baroque de Versailles, CMBV) ou encore dans des manifestations culturelles (notamment les travaux de la Fondation Royaumont ou ceux de l’Académie baroque d’Ambronay) mais aussi dans des émissions sur France Musique avec Jean-Michel Damian, il a contribué à la redécouverte de la musique religieuse française de l’époque baroque.

3Sur le plan liturgique, il laisse une œuvre magistrale touchant à l’anthropologie des rites, à l’histoire de la liturgie, à la relation entre les arts et la liturgie, ainsi qu’à la théologie des sacrements et des actes liturgiques. Cette œuvre s’est manifestée à travers de multiples articles de revue, dont certains ont été réunis dans l’ouvrage Une poétique du rituel (Cerf, 1997).

Outre l’enseignement et l’accompagnement des étudiants, sa participation aux conseils de rédaction de revues comme La Maison-Dieu ou Chroniques d’Art Sacré ou encore l’animation de nombreuses sessions de pastorale liturgique, constituent les aspects les plus visibles d’un service qui s’exprimait avant tout dans une immense capacité d’entrer en relation et de stimuler la réflexion. Il fut aussi durant de nombreuses années, un collaborateur très actif du Centre National de Pastorale Liturgique (CNPL, devenu SNPLS aujourd’hui). L’accès à ses écrits est certes exigeant en raison de l’appel à de multiples dossiers érudits, d’un cheminement complexe de la pensée, d’un registre verbal en effervescence, et surtout d’une recherche permanente d’équilibre, refusant de s’enfermer dans les idées toutes faites ou dans les « à peu près » commodes.

Les témoignages de reconnaissance reçus à l’occasion de sa mort, manifestent bien la fécondité d’une carrière d’enseignant, de chercheur mais aussi d’expert pour les recherches pastorales. Son rayonnement a dépassé les frontières et touché spécialement l’Italie : la traduction italienne d’Une poétique du rituel publiée sous le titre L’accordo rituale (Glossa, 2009) a été préfacée par Pierangelo Sequeri.

À l’occasion de la rentrée de l’Institut Supérieur de Liturgie, une messe, présidée par Mgr Jean-Paul James, évêque de Nantes, a été célébrée le mardi 17 septembre à 17h30, en l’église Saint-Joseph des Carmes. La célébration a été suivie d’un temps de témoignages et d’écoute musicale en salle des Actes autour de sa famille, notamment ses frères Daniel et Dominique, sa sœur Odile, ainsi que ses nièces Marie-Laure et Élodie.

Ce moment préparé par Jean-Louis Souletie, directeur de l’ISL et Monique Brulin, ancienne enseignante à l’ICP en théologie de la liturgie et anthropologie des rites, fut l’occasion d’entendre quelques-uns de ses collègues ou anciens élèves, mais aussi des musiciens ou musicologues ayant travaillé avec lui. Parmi les témoignages donnés au cours de cette soirée, il a semblé important d’en publier deux dans la revue Transversalités.

D’une part, la contribution de Mgr Joseph Doré, archevêque émérite de Strasbourg, ancien doyen de la Faculté de Théologie et de Sciences Religieuses de l’Institut Catholique de Paris, qui a pris la parole à un triple titre : ses origines nantaises communes avec J.-Y. Hameline, le service de la théologie et le ministère épiscopal. D’autre part, celle d’Emmanuel Bellanger, qui, en tant qu’ancien directeur de l’Institut de Musique Liturgique (IML), pouvait témoigner de l’apport de J.-Y. Hameline en matière de musicologie liturgique durant la période qui a suivi le Concile Vatican II. On peut signaler que cette contribution associe à cet hommage, la mémoire du P. Jean Bihan, ancien directeur de l’IML, décédé le 10 mars 2013, dont Jean-Yves Hameline lui-même dans l’avertissement d’Une poétique du rituel évoque « le soutien sans faille ».

La revue La Maison-Dieu publiera de son côté les contributions données à cette soirée d’hommage par le P. Louis-Marie Chauvet et par Mme Cécile Davy-Rigaux (CNRS, Institut de Recherche sur le Patrimoine Musical en France).

L’homme était attachant et conjuguait de multiples qualités. L’enseignant était éblouissant et la musique demeurait prégnante y compris dans sa manière d’enseigner : il cultivait le bene dicere pour mieux évoquer la liturgie comme benedictio. Ceux qui l’ont connu ont tous fait l’expérience de « son génie » : une attention vraie aux personnes et aux choses, un don extraordinaire pour déplacer les questions, en les regardant avec plus de profondeur grâce à des détours parfois étonnants et souvent lumineux.

On peut signaler enfin que plusieurs ouvrages réunissant des écrits, pour l’instant dispersés, sont actuellement en préparation : l’un, à paraître aux éditions du Cerf, regroupera des articles portant sur les questions d’art sacré et deux autres, des travaux musicologiques.

À travers la parole de témoins et plus encore peut-être dans les diverses expressions musicales qui ont ponctué ce moment, cette soirée du 17 septembre levait un peu le voile sur ce qu’avait apporté cet homme extraordinaire qui était aussi un maître. Mais il est à souhaiter que cette œuvre complexe, qui mériterait d’être mieux connue et reconnue, soit valorisée par des travaux de recherche (un séminaire sur son œuvre a été mené deux années de suite, en 2011-2012 et en 2012-2013) ainsi que par des mémoires et des thèses.

Au terme du dernier article que Jean-Yves Hameline a livré à La Maison-Dieu (n° 274, 2013/2), on trouve un passage qui résonne comme une sorte de testament, constituant également une sorte de programme pour l’avenir :

"J’ajouterai, il le faut bien, une petite rhapsodie personnelle, sur un immodeste clavier : aujourd’hui, la question de la survie des communautés chrétiennes et de leurs formes cultuelles, compte non tenu des perspectives encore indécises d’une nouvelle cyber-confessionnalité, me semble passer par 1. l’intégration difficultueuse du courant charismatique-évangélique et ses synaxes revivalistes et ferventes, phénomène mondial et de moyenne durée, depuis Wesley et le revivalisme américain, 2. la prise en compte de la crispation identitaire traditionnaliste « talibane » ou fondamentaliste, phénomène également mondial, qui n’épargne pas les Églises, et 3. pour en rester à Michel de Certeau, la mystique apophatique. L’instauratio liturgica consécutive à Vatican II (comme exercice ordinaire du culte divin) […] erre entre ces pôles distendus."

 

  • Sacrosanctum Concilium 99

    Extrait de la Constitution Sacrosanctum Concilium

    Récitation commune de l'office divin.

    SC 99. Puisque l'office divin est la voix de l'Église, c'est-à-dire de tout le Corps mystique adressant à Dieu une louange publique, il est recommandé que les clercs non obligés au chœur, et surtout les prêtres vivant en commun ou passagèrement réunis, acquittent en commun au moins une partie de l'office divin.       
    Mais tous ceux qui acquittent l'office, soit choralement, soit en commun, accompliront la fonction qui leur est confiée le plus parfaitement possible, soit quant à la dévotion intérieure, soit quant à la réalisation extérieure.
    Il importe en outre que l'office, au chœur ou en commun, soit chanté, selon l'opportunité.