Un Requiem allemand Op. 45. — Ressources liturgiques - Association Sacrosanctum Concilium

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Un Requiem allemand Op. 45.

Ein deutsches Requiem, nach Worten der heiligen Schrift für Soli, Chor und Orchester (Orgel ad lib.), op. 45 – « Un Requiem allemand, sur des textes de l'Écriture sainte, pour solistes, chœur et orchestre (avec orgue ad libitum) » – est une œuvre sacrée (mais pas liturgique) en sept parties (ou mouvements) composée par Johannes Brahms et achevée en 1868. Elle dure de 70 à 80 minutes, ce qui en fait la plus longue composition de Brahms.

Les deux solistes n'interviennent qu'exceptionnellement, le baryton pour faire entendre l'appel angoissé de l'homme face à son destin, la soprano pour annoncer le caractère maternel des consolations futures. L'orchestre reste toujours d'une clarté exemplaire, même lorsqu'il passe au second plan. La conclusion résume la promesse du sermon sur la montagne. Les épisodes centraux du sixième morceau pourraient être considérés comme une version protestante du Dies iræ. L'œuvre, de conception humaniste, que l'auteur aurait désiré rendre œcuménique, lui assura la célébrité.

Dans son choix de textes pour le Requiem allemand, Brahms se montre très désireux d'avoir un propos très large sur la mort, et sur la consolations à apporter aux vivants. D'où un texte plus spirituel que religieux. Le choix du 5e mouvement (composé en dernier), comprenant le verset "Je vous consolerai comme une mère console son enfant" tiré du livre d'Esaïe, fait également office de dédicace de Brahms à sa propre mère, dont la mort inspira son requiem. Brahms au reste, n'avait-il pas déclaré qu'il "supprimerait volontiers du titre le mot "allemand" pour le remplacer simplement par "humain" ?

Jalon essentiel du répertoire choral germanique, Un Requiem allemand est peut-être la partition la plus dramatique de Brahms. On peut le considérer comme une méditation sur la mort. La maturation du requiem allemand chez Brahms fut lente et complexe, et dura quatorze années, de 1854 à 1868, mais fut accélérée par deux évènements majeurs : la mort de Schumann en 1856 et la mort de la mère de Brahms en 1865. Il évoquera alors dans une lettre à Clara Schumann la mise en forme imminente d’Un Requiem allemand pour choeur et orchestre. Il y adjoindra les deux interventions du baryton ensuite, et lors d’un remaniement final le poignant Ihr habt nun Traurigkeit (Vous êtes maintenant dans la tristesse) pour soprano solo et choeur.

Le terme de requiem prête à confusion puisque l’oeuvre est très éloignée de la traditionnelle messe des morts catholique dont l’équivalent n’existe pas dans le protestantisme. Brahms, lecteur fervent de la Bible de Martin Luther, compose lui même le livret de son requiem allemand en puisant des extraits de l’Ancien et du Nouveau Testament, le ein indiquant la subjectivité du propos et le deutsches la singularité de la langue de Luther. On pourrait plutôt parler d’une Trauermusik (musique funèbre), sans lien avec la liturgie mais remontant à une tradition germanique ancrée, depuis le Musikalische Exequien de Schütz en passant par l’Actus Tragicus de Bach, enrichie de l’héritage du style choral Haendelien, pour aboutir à une vision humaniste et sacrée de la réflexion métaphysique et musicale autour de la mort et de la résurrection.

Johannes Brahms. Ein deutsches Requiem. I. Selig sind, die da Leid tragen.

Dès l’entrée en matière, après une courte introduction de l’orchestre où dominent les altos, et violoncelles, sorte de plainte douloureuse, le chœur, dans un mouvement d’adantino, fait espérer doucement à ceux qui souffrent la consolation de Dieu. Pleine de tristesse et en même temps d’espérance est la phrase caressante qui s’arrête par instants, pour donner brièvement la parole aux instruments, notamment au hautbois. Puis se développe plus longuement le second motif en mineur sur les paroles : « Ceux qui sèment avec larmes moissonneront avec allégresse », et dans lequel se retrouvent, avec la phrase de l’introduction orchestrale, ces harmonies préférées par Brahms, remplies d’un sentiment profond. La mélodie, soutenue un moment par les accompagnements en triolets, sorte de pulsation de l’orchestre, s’épanouit adorablement sur les mots : « avec allégresse moissonneront ». Après une interruption du chœur, pendant laquelle les violoncelles font entendre à nouveau le motif de l’introduction, les voix s’éteignent mélodieusement et pianissimo : « Bien heureux, bien heureux ». Enfin le premier chœur reparaît pour s’achever dans une courte et belle apothéose, avec l’intervention des harpes. Dans cette première partie, il est à remarquer que l’auteur a supprimé totalement les violons pour ne laisser apparaître, comme instruments à cordes, que les violoncelles et altos, et donner ainsi à l’ensemble de la trame musicale un caractère plus grave et plus solennel.

Ein deutsches Requiem I. Selig sind, die da Leid tragen (Johannes Brahms) UniversitätsChor München Collegium Musicum München (Johannes Kleinjung).

Johannes Brahms. Ein deutsches Requiem. IV. Wie lieblich sind deine Wohnungen.

C’est encore dans le style tendre et gracieux du lied, ne s’éloignant pas toutefois de la gravité qui règne dans l’ensemble de l’œuvre, que Brahms a traduit ces pensées plus consolantes : « Bien douces sont tes demeures, ô Dieu d’Israël ». Le charme qui enveloppe l’auditeur est encore augmenté par la richesse de l’orchestration, par cette mélodie touchante des violons (Lettre A) et ces pizzicati des violoncelles, que l’auteur a employés souvent et avec le plus heureux résultat dans le cours du Requiem. La phrase caressante des voix en croches liées deux à deux sur les mots « en te louant à jamais » est une sorte d’association du legato employé pour la mélodie et du staccato réservé à l’accompagnement. Ce mouvement instaure une grande sérénité, figurant le Paradis. Brahms l'a sans doute composé en pensant, avec tendresse, à sa mère disparue.

Ein deutsches Requiem IV. Wie lieblich sind deine Wohnungen (Johannes Brahms) Seraphic Fire (Patrick Dupré Quigley).

Johannes Brahms. Ein deutsches Requiem. V. Ihr habt nur Traurigkeit.

Un des plus beaux solos de soprano que Brahms ait écrit. Délicieux sont les violons en sourdine, avec les petites phrases que se renvoient le hautbois, la flûte et la clarinette. Sur cette trame gracieuse et légère s’enlève le solo de soprano, reproduisant à peu près la mélodie de l’orchestre : « Vous qu’afflige la douleur espérez... » La voix semble venir de la voûte céleste pour annoncer les consolations futures ; et le chœur répond mezza voce : « Je vous consolerai comme une mère ». Toutes ces pages sont d’une couleur douce et légère, comme une fresque de Bernardino Luini ; c’est un murmure délicieux qui s’évanouit peu à peu et idéalement sur les paroles du soprano, soutenu par les masses chorales : « Vers vous je reviendrai... je reviendrai ».

Ein deutsches Requiem. V. Ihr habt nur Traurigkeit (Johannes Brahms)  Regula Mühlemann.

Johannes Brahms. Ein deutsches Requiem. VII. Selig sind die Toten, die in dem Herrn sterben. 

« Gloire à ceux qui meurent dans le Seigneur » chantent les voix accompagnées par l’orchestre, dont le trait persistant et consistant en une suite de notes liées deux à deux est une des formules préférées de J. Brahms et qui rappellerait le vieux et sublime Maître, qu’il a si profondément étudie, Jean-Sébastien Bach ! Puis, ce chœur s’apaise un instant pour murmurer : « Oui, l’Esprit dit qu’ils reposent de leurs souffrances », et, alors, se dessine en majeur cette délicieuse phrase chorale qui met si merveilleusement en relief le dessin des instruments à cordes en douze croches liées par groupes de six. Enfin, comme apothéose finale, retentit pour la dernière fois le beau motif du premier chœur de la partition, soutenu par les sons voilés de la harpe. L’œuvre s’achève ainsi dans un sentiment d’espérance, de paix et de pardon, qui donne bien la synthèse de la conception du Maître. C'est ce qui fait que le « Requiem Allemand » présente un caractère unifié et monumental.

Ein deutsches Requiem. VII. Selig sind die Toten, die in den Herrn sterben (Johannes Brahms) Monteverdi Choir, Orchestre Révolutionnaire et Romantique (John Eliot Gardiner).

 

  • Sacrosanctum Concilium 107

    Extrait de la Constitution Sacrosanctum Concilium

    Révision de l'année liturgique.

    SC 107. L'année liturgique sera révisée de telle sorte que, en gardant ou en restituant les coutumes et les disciplines traditionnelles attachées aux temps sacrés, en se conformant aux conditions de notre époque, on maintienne leur caractère natif pour nourrir comme il faut la piété des fidèles par la célébration des mystères de la Rédemption chrétienne, mais surtout du mystère pascal. Les adaptations, selon les conditions locales, si elles étaient nécessaires, se feront conformément aux articles 39 et 40.