Missa Brevis Op. 63 (1959) — Ressources liturgiques - Association Sacrosanctum Concilium

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Missa Brevis Op. 63 (1959)

La Missa brevis en ré, op. 63, est une mise en musique de la messe achevée par Benjamin Britten le dimanche de la Trinité 1959. Pour chœur à trois voix et orgue, elle a été jouée pour la première fois à la cathédrale catholique romaine de Westminster à Londres le 22 juillet de la même année. Britten a composé la messe pour la retraite de George Malcolm en tant qu'organiste et chef de choeur à Westminster : la dédicace imprimée dit : « Pour George Malcolm et les garçons de la chorale de la cathédrale de Westminster ». C'est la première et unique mise en musique de la messe par Britten.

La Missa brevis de Britten ne contient que quatre mouvements, omettant le Credo, d'où le nom de brevis, abrégé. L'omission est notable parce que la messe à la cathédrale de Westminster aurait inclus ce mouvement. La pièce semble plutôt prédisposée à la liturgie de l'Église d'Angleterre ou de l'Église épiscopale protestante d'Amérique, qui omettent souvent le Credo chanté. Dans le Sanctus, Britten écrit une transition facultative entre le premier Hosanna et le Benedictus. Cela remplit deux fonctions : 1) permettre aux sections d'être omises de manière transparente si la partition est exécutée de manière non liturgique, et 2) permettre à la section d'être facilement omise à certaines fins liturgiques, par ex. aux États-Unis, le Benedictus n'a pas été officiellement approuvé par le droit canon et de nombreuses églises épiscopales l'ont omis.


Écrit en 1959 pour les garçons de la cathédrale de Westminster et leur directeur de l'époque, George Malcolm, la Missa Brevis est l'une des premières œuvres de Britten sur un texte latin. N'étant pas une langue « vivante », on ne peut pas s'attendre à ce que même Britten puisse utiliser le latin avec la liberté qu'il a apportée à l'anglais, au français et à l'italien ; au lieu de cela, il utilise ses textes latins comme « matériel phonétique », plutôt à la manière de Stravinsky. Cela dit, ce petit ouvrage est un chef-d'œuvre incontestable qui parvient d'une manière ou d'une autre à relier le caractère de sa musique pour enfants à la bonne observance de la liturgie.


La partition comporte beaucoup de motifs ; par exemple, le Kyrie commence par une inversion de l'intonation du plain-chant du Gloria et est un plaidoyer passionné pour la paix. Le Gloria est rythmé par un rythme 7/8 vif entendu d'abord dans les pédales d'orgue avant d'être repris par les chanteurs. La phrase du plain-chant est ponctuée d'accords d'une mesure et il y a une mélodie intéressante et fluide entendue pour la première fois à « Qui tollis peccata mundi ». Le Sanctus en forme de cloche est un merveilleux exemple de l'imagination sonore de Britten avec son point culminant « Hosanna » et le passage précédent de triolets à « Pleni sunt caeli et terra gloria tua » convient parfaitement à une acoustique de cathédrale. Le Benedictus suivant établit immédiatement une atmosphère profondément émouvante de ferveur tranquille avant l'explosion finale de « Hosanna ». L'Agnus Dei est une prière angoissante pour la paix dans laquelle les phrases courtes des voix sont opposées à une pédale ostinato insistante et aux accords dissonants des claviers de l'orgue. L'œuvre se termine comme si le monde était épuisé dans sa quête de paix.

La partition

Benjamin Britten. Missa Brevis en ré, Op. 63.

Benjamin Britten. Missa brevis, Op. 63 - 1. Kyrie eleison

Missa Brevis en ré, Op. 63 Kyrie. (Benjamin Britten) Choir Of St. John's College, Cambridge (Brian Runnett  George Guest).

Benjamin Britten. Missa Brevis en ré, Op. 63 2. Gloria.

Missa Brevis en ré, Op. 63 2. Gloria (Benjamin Britten) The Boy Choristers of Wells Cathedral.

Une version intégrale par une maîtrise française avec le commentaire suivant :

Dans cette mise en lumière de Britten, chaque pièce nous invite à nous déplacer spirituellement. Le Kyrie, cri déchirant du pénitent, le Gloria exultant et jubilatoire, le Sanctus, dans une invitation à la contemplation d’abord, puis à la louange, avec un Benedictus très intérieur, et enfin l’Agnus Dei, mystérieux et paisible à la fois. Cette messe brève (la totalité de l’ordinaire de la messe sans le credo) Opus 63 du compositeur date de 1959. Dans une harmonie résolument de son époque, elle se déploie en 5 mouvements. Le Kyrie, en trois parties, utilise un motif descendant passant des soprano I aux altos, puis ascendant pour le Christe, et enfin descendant pour le dernier Kyrie. Le Gloria déploie une mesure à 7/8, dans un motif exultant, laissant la place à l’intériorité lorsque le texte le nécessite, comme adoramus te, le tout achevé par un Amen à 5 temps, dans une suspension musicale qui nous guide vers un accord final tout en douceur. Le Sanctus se décline sur une mélopée aux allures grégoriennes, suivi du pleni sunt très rythmique et d’un hosanna triomphant. Le benedictus joue sur la tendresse d’un solo tout en finesse, avec quelques dissonances propres au compositeur et reprend les éléments mélodico-rythmiques du pleni sunt et du hosanna précédent pour le hosanna final. Enfin, l’Agnus Dei, tout en douceur joue sur la dissonance et passe de l’unisson à 3 voix dans une atmosphère paisible. Une composition audacieuse en forme de morceau de bravoure pour nos jeunes maîtrisiennes qui l’ont pris à bras le corps !

Missa brevis en ré, Op. 63 (Benjamin Britten) Maîtrise Saint Louis de Versailles.

  • Sacrosanctum Concilium 112

    Extrait de la Constitution Sacrosanctum Concilium

    Dignité de la musique sacrée.

    SC 112. La tradition musicale de l'Église universelle a créé un trésor d'une valeur inestimable qui l'emporte sur les autres arts, du fait surtout que, chant sacré lié aux paroles, il fait partie nécessaire ou intégrante de la liturgie solennelle.   
    Certes, le chant sacré a été exalté tant par la Sainte Écriture que par les Pères et par les Pontifes romains ; ceux-ci à une époque récente, à la suite de saint Pie X, ont mis en lumière de façon plus précise la fonction ministérielle de la musique sacrée dans le service divin. [...]