Motets (1835-1892) — Ressources liturgiques - Association Sacrosanctum Concilium

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Motets (1835-1892)

Anton Bruckner a composé quelque 40 motets au cours de sa vie, le premier un Pange lingua vers 1835, le dernier un Vexilla regis en 1892. Bien moins fréquents dans nos salles qu’ils ne devaient l’être, les 34 motets latins de Bruckner parcourent toute la carrière du compositeur, de 1835 -alors qu’il n’avait que onze ans- à 1892, quatre ans avant sa mort. Contrairement aux splendeurs de ses trois grandes messes, Bruckner exprime ici son ardente foi catholique dans des formes brèves.

Le langage retenu par Bruckner est volontairement simple et, comme souvent dans la musique d’église catholique de l’époque, renonce aux complications du contrepoint ou de la virtuosité chorale pour regarder vers deux modèles jugés insurpassables : le chant grégorien (jamais cité ici directement, mais évoqué) d’une part, la transparence et la beauté de Palestrina de l’autre.

« On a dit, joliment, qu'ils étaient le jardin secret de Bruckner. Trop rarement chantées, ces nombreuses et courtes pièces (elles ne dépassent qu'exceptionnellement les cinq minutes de durée) couvrent, esthétiquement, toute la carrière créatrice du compositeur. Elles se rattachent à la fois au mouvement cécilien (assainissement et renouvellement de la musique sacrée par référence au style de la renaissance) et un langage unique manifestement hérité de Wagner, voire post-romantique. La piété, la foi chrétienne s'y expriment à travers des formes simples, sachant émouvoir sans verser jamais dans le douceâtre. Parfois l'orgue et/ou les trombones soutiennent le chœur. C'est le texte latin qui est régulièrement employé ». (Guide de la musique sacrée et chorale profane, 2750 à nos jours, sous la direction de François- René Tranchefort, Fayard, 2020).

Locus iste WAB 23 (1869)

Locus iste (Ce lieu a été créé par Dieu), WAB 23, est un motet composé par Anton Bruckner en 1869 pour la dédicace de la chapelle votive de la nouvelle cathédrale de Linz.

Le texte latin Locus iste est la graduel de la messe pour la Kirchweih, l'anniversaire de la dédicace d'une église. Le texte, concentré sur le concept d'endroit sacré, est basé sur l'histoire Biblique de l'échelle de Jacob, où Jacob disait « Certainement, l'Éternel est en ce lieu et je ne le savais pas » (Genèse, 28:16), et le récit du buisson ardent où il disait à Moïse « Retire tes chaussures de tes pieds, car le lieu sur lequel tu te tiens est une terre sainte » (Exode, 3:5). 

Locus iste a Deo factus est,
inaestimabile sacramentum,
irreprehensibilis est.

Ce lieu a été créé par Dieu,
Un sacrement inestimable ;
Il est irréprochable.

Le motet en ut majeur de 48 mesures est conçu pour chœur mixte a cappella. Sa durée d'exécution est d'environ trois minutes.

Bruckner a composé les trois lignes de texte en forme « ABA » terminée par une coda, « A » contenant la première ligne du texte et assurant l'encadrement des deuxième et troisième lignes. Pierre Strasser suggère que la composition reflète des éléments d'architecture, comme dans la symétrie de la forme da capo et l'utilisation de motifs comme des blocs de construction.

Anton Bruckner. Locus iste.

Locus iste (Anton Bruckner) Tenabrae (Nigel Short).

Pour suivre avec la partition :

Locus iste (Anton Bruckner), The Chapel Choir Of Worcester College (Judy Martin).

Os justi WAB 30. (1979).

Os Justi (La bouche du juste), WAB 30, est une mise en musique par Anton Bruckner en 1879 d'un chant grégorien utilisé comme graduel de la Commune Doctorum et comme introït I et graduel II de la Commune Confessoris non Pontificis. Bruckner a composé l'œuvre le 18 juillet 1879 et l'a dédiée à Ignaz Traumihler, le maître de chapelle de l'Abbaye de Saint-Florian.

Le texte du motet utilise les versets 30 et 31 du Psaume 37 (Psaume 36 dans la Vulgate) et le verset 21 du Psaume 89 (Psaume 88 dans la Vulgate).

Os justi meditabitur sapientiam :
et lingua ejus loquetur judicium.
Lex Dei ejus in corde ipsius :
et non supplantabuntur gressus ejus.
Alleluia.
Inveni David servum meum,
oleo sancto meo unxi eum.
Alleluia

La bouche du juste annonce la sagesse,
et sa langue proclame la justice.
La loi de son Dieu est dans son cœur ;
ses pas ne chancellent point.
Alleluia.
J’ai trouvé David, mon serviteur,
je l’ai oint de mon huile sainte.
Alleluia.

L'œuvre originale du 18 juillet 1879, de 69 mesures en ut majeur (mode lydien), est conçue pour chœur mixte a cappella. À deux reprises (mesures 9-13 et 51-56) le chœur est divisé en huit voix. La seconde section sur Et lingua ejus (mesures 16-42) est un fugato sans aucune altération. La dernière phrase, et non supplantabuntur (mesures 65-69), est chantée pianissimo par les sopranos sur un maintien de l'accord de tonique par les cinq autres voix (ATTBB). Elle est suivie par un Alleluja de 2 mesures, à l'unisson en mode grégorien.

Anton Bruckner. Os justi. WAB 30.

Os justi WAB 30 (Anton Bruckner) Tenebrae (Nigel Short).

Christus factus est pro nobis WAB 11. (1884).

Christus factus est, WAB 11, est la troisième mise en musique du graduel Christus factus est composée par Anton Bruckner en 1884. Auparavant, Bruckner avait composé en 1844, une première œuvre sur le même texte comme graduel de la Messe für den Gründonnerstag, WAB 91, et en 1873, un motet (WAB 10) pour chœur mixte à huit voix, trois trombones et instruments à cordes ad libitum.

Bruckner a composé ce motet le 25 mai 1884. La pièce a été réalisée six mois plus tard, le 9 novembre, dans la Wiener Hofmusikkapelle. 

Texte

Christus factus est pro nobis obediens
usque ad mortem, mortem autem crucis.
Propter quod et Deus exaltavit illum et dedit illi nomen,
quod est super omne nomen.

Le Christ s'est fait pour nous obéissant
jusqu'à la mort, et à la mort de la croix.
C'est pourquoi Dieu l'a exalté, et lui a donné le Nom
qui est au-dessus de tout nom.

Dans la première section (mesures 1-19), jusqu'à mortem autem crucis, le chœur chante en homophonie. Il exprime dans la sombre partition combien inhumaine est le demande de Dieu d'une implacable obéissance jusqu'à la mort, même sur la croix. Après une pause d'une mesure (mesure 20), le motet évolue en vagues d'intensification, avec deux Dresdner Amen sur le texte exaltavit illum (mesures 23-24) et super omne nomen (mesures 37-38), respectivement. Après une seconde pause d'une mesure (mesure 56), le motet atteint un climax dramatique (mesures 57-62)10. Ensuite, il évolue diminuendo et la tristesse du début revient avec la coda de huit mesures en pianissimo, similaire à celle de la mise en musique précédente de 1873. Via les modulations et le chromatisme, Bruckner atteint une grande expressivité du texte de la Passion.

Tota pulchra es WAB 46. (1878).


Cette oeuvre, qui a été composée le 30 Mars 1878 entre les symphonies 5 et 6, reprend l'antienne latine Tota pulchra es. Elle a été exécutée le 4 juin 1878 dans la chapelle votive de la nouvelle cathédrale de l'Immaculée Conception pour commémorer le 25e anniversaire de Franz-Josef Rudigier comme évêque de Linz.


Dans la première partie (mesures 1-16) le soliste et le chœur dialoguent a cappella. Dans la deuxième partie (mesures 17-36), qui commence fortissimo par le soliste à l'orgue sur Tu gloria Jerusalem, le chœur se divise jusqu'à 9 voix. Dans la troisième partie (mesures 37-52), qui débute sur O Maria, le soliste et le chœur dialoguent a cappella comme dans la première partie. Dans la dernière partie, qui commence comme dans la deuxième partie par le soliste avec l'orgue sur Ora pro nobis, le chœur va en diminuendo jusqu'à la fin en pianissimo.
 

Anton Bruckner. Tota pulchra es WAB 46.

Tota pulchra es WAB 46 (Anton Bruckner) Choir of King's College, Cambridge (Stephen Cleobury).

Anton Bruckner Vexilla Regis WAB 51. (1892).

Vexilla regis (L'étendard du grand roi), est le dernier motet composé par Anton Bruckner.

Bruckner composa ce motet, qui est basé sur l'hymne Vexilla Regis de Venance Fortunat, le 9 février 18921 pour la célébration du Vendredi saint à l'Abbaye de Saint-Florian. L'œuvre y a été exécutée par Berhard Deubler 15 avril 1892.

Texte

Vexilla regis prodeunt:
Fulget crucis mysterium
Quo carne carnis conditor,
Suspensus est patibulo.

O Crux ave, spes unica,
Hoc passionis tempore
Auge piis justitiam,
Reisque dona veniam.

Te, summa Deus Trinitas,
Collaudet omnis spiritus:
Quos per crucis mysterium
Salvas, rege per saecula. Amen.

Les étendards du Roi s’avancent,
Et la lumière de la Croix resplendit de son mystère,
Celui où le Créateur de toute chair
Est par sa propre chair cloué sur la Croix.

Salut ô Croix, unique espérance
Dans les temps de ta Passion !
Offre aux justes grâce,
Et pardon aux pécheurs.

C’est Toi, Trinité suprême,
Que loue tout esprit :
Par le mystère de la Croix tu nous sauves
Et nous conduis pour toujours. Amen.

Bien qu'il soit en mode phrygien, le motet en la mineur est caractérisé par des modulations typiques de Bruckner, souvent dans des tonalités assez éloignées et l'intégration de différents styles musicaux. Le biographe de Bruckner Howie note que « le remarquable mélange de l'ancien et le nouveau dans les strophes de ce motet pourrait peut-être être interprété comme une tentative [de Bruckner] de résumer le travail de sa vie ». Ce final « sombre et sans concession » est bien adapté à l'histoire du Vendredi saint.

Vexilla Regis (Anton Bruckner) Utrechts Studenten Koor (Gilles Michels).

 

 

  • Sacrosanctum Concilium 29

    Extrait de la Constitution Sacrosanctum Concilium

    SC 29. Même les servants, les lecteurs, les commentateurs et ceux qui appartiennent à la Schola cantorum s'acquittent d'un véritable ministère liturgique. C'est pourquoi ils exerceront leur fonction avec toute la piété sincère et le bon ordre qui conviennent à un si grand ministère, et que le peuple de Dieu exige d'eux à bon droit.          
    Aussi faut-il soigneusement leur inculquer l'esprit de la liturgie, selon la mesure de chacun, et les former à jouer leur rôle de façon exacte et ordonnée.