Messe pour double choeur a cappella
Frank Martin n'était pas intéressé par l'exécution et la notoriété de cette œuvre ; il semblait vouloir éviter un jugement purement esthétique de ses pairs sur un « travail absolument libre, gratuit et désintéressé » qui n'est qu'une « affaire entre Dieu et lui ». Depuis, cette œuvre est l'une des plus enregistrées et exécutées de Frank Martin.
Cette messe est chantée a cappella par deux chœurs, permettant dans certaines parties (Sanctus) des jeux d'échanges entre eux. Si le Kyrie est d'inspiration grégorienne, le Gloria confirme l'admiration de Martin pour Bach. L'ensemble est d'une écriture musicale très accessible au grand public, tout en restant d'une très riche couleur harmonique.
Frank Martin, fils d'un pasteur calviniste, a toujours été animé d'une foi profonde, qui a gouverné autant sa vie que son œuvre artistique. Cette messe semble être un projet personnel, remplissant un besoin purement spirituel, que Martin n'était pas prêt à dévoiler et disséminer dans le public, ni à ses pairs dont il craignait un jugement sur un plan purement technique et artistique, ignorant la dimension spirituelle de l’œuvre. La deuxième partie des années 1920 marque d'ailleurs pour Martin le début d'un intérêt particulier pour la composition de musique sacrée, avec également une Cantate sur la nativité (1929), restée inachevée. Ce n'est qu'à la fin de la Seconde Guerre mondiale qu'il consent enfin à publier de la musique sacrée avec In Terra pax (1944). Et il continuera de cultiver et publier ce style de musique toute sa vie jusqu'au Requiem de 1972.
Martin ne s'est jamais exprimé directement sur le sujet de savoir pourquoi, élevé dans une culture protestante, il a choisi une messe catholique comme support d'un projet spirituel.
Frank Martin. Messe pour double choeur a cappella.
Messe pour double choeur a cappella (Frank Martin) Ensemble Aedes (Mathieu Romano).
Messe pour double choeur a cappella (Frank Martin) Nederlands Kamerkoor & Peter Dijkstra