Les Pères de l'Église commentent l'évangile de la Samaritaine et les autres évangiles du troisième dimanche de Carême — Ressources liturgiques - Association Sacrosanctum Concilium

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Les Pères de l'Église commentent l'évangile de la Samaritaine et les autres évangiles du troisième dimanche de Carême

Commentaires de Jean 4, 4-52 (Année A)


Jn 4, 7-12 : 7 Une femme de Samarie vint puiser de l'eau. 8 Jésus lui dit : "Donnez-moi à boire." Car ses disciples étaient allés à la ville pour acheter des vivres. 9 La femme samaritaine lui dit : "Comment vous, qui êtes Juif, me demandez-vous à boire, à moi qui suis Samaritaine? (les Juifs, en effet, n'ont pas de commerce avec les Samaritains). 10 Jésus lui répondit : "Si vous connaissiez le don de Dieu, et qui est celui qui vous dit: Donnez-moi à boire, vous même lui en auriez fait la demande, et il vous aurait donné de l'eau vive." 11 "Seigneur, lui dit la femme, vous n'avez rien pour puiser, et le puits est profond: d'où auriez-vous donc cette eau vive? 12 Etes-vous plus grand que notre père Jacob, qui nous a donné ce puits, et en a bu lui-même, ainsi que ses fils et ses troupeaux ?" 

Saint Jean Chrysostome
Comme le Sauveur paraissait aller contre le commandement qu'il avait fait en parlant aux Samaritains, l'Evangéliste nous donne plusieurs raisons de la conversation qu'il eut avec cette femme. D'abord il n'était point venu dans le dessein premier de s'entretenir avec des Samaritains. Mais fallait-il pour cela repousser cette femme qui venait à lui, comme le remarque l'Evangéliste : « Or, une femme de Samarie vint puiser de l'eau ? » Vous voyez que cette femme vient puiser de l'eau à cause de la chaleur.

Saint Augustin
Cette femme est la figure de l'Eglise qui n'est pas encore justifiée, mais qui n'est pas loin de la justification. C'est comme symbole de ce qui doit arriver, qu'elle vient du milieu des étrangers. Car les Samaritains étaient des étrangers pour les Juifs quoique habitant une contrée voisine. Or, l'Eglise aussi devait venir du milieu des nations et d'une race étrangère à celle des Juifs.

Saint Augustin
Vous voyez que la Samaritaine n'entendait par eau vive que celle qui était dans le puits, et qu'elle semble dire à Nôtre-Seigneur : Vous voulez me donner de l'eau vive, mais j'ai seule le vase nécessaire pour la puiser, et vous ne l'avez pas; vous ne pouvez donc pas me donner cette eau vive, puisque vous n'avez pas de quoi la puiser. Peut-être me promettez-vous l'eau d'une autre source, mais êtes-vous plus puissant que notre père Jacob, qui nous a donné ce puits, et en a bu lui-même, aussi bien que ses enfants et ses troupeaux ? »

Origène
Dans le sens mystique, le puits de Jacob, ce sont les maintes Ecritures, ceux qui sont versés dans la connaissance de ces saintes lettres, boivent comme Jacob et ses enfants ; les esprits simples et ignorants boivent comme les troupeaux du patriarche.

Plus de commentaires de Jn 4, 7-12.

Jn 4, 13-18 : 13 Jésus lui répondit : "Quiconque boit de cette eau aura encore soif; mais celui qui boira de l'eau que je lui donnerai, n'aura plus jamais soif ; 14 Au contraire, l'eau que je lui donnerai deviendra en lui une source d'eau jaillissant jusqu'à la vie éternelle." 15 La femme lui dit : "Seigneur, donnez-moi de cette eau, afin que je n'aie plus soif, et que je ne vienne plus puiser ici." 16 "Allez, lui dit Jésus, appelez votre mari, et venez ici." 17 La femme répondit : "Je n'ai point de mari." Jésus lui dit : "Vous avez raison de dire : Je n'ai point de mari; 18 Car vous avez eu cinq maris, et celui que vous avez maintenant n'est pas à vous ; en cela, vous avez dit vrai." 

Saint Jean Chrysostome
A la question que lui fait cette femme : « Etes-vous plus grand que notre père Jacob ? » Jésus ne répond pas expressément : Oui, je suis plus puissant que lui, pour ne point paraître se glorifier lui-même, mais il le fait entendre en termes équivalents : « Jésus lui répondit : Quiconque boit de cette eau, aura encore soif, mais celui qui boira de l'eau que je lui donnerai, n'aura jamais soif. L’eau que je lui donnerai, deviendra en lui une fontaine d'eau jaillissante pour la vie éternelle. » C'est-à-dire Jacob vous paraît puissant et admirable, parce qu'il vous a donné l'eau de ce puits, que direz-vous donc si je vous donne une eau bien meilleure. Il ne déprécie pas l'eau de ce puits, il lui en indique simplement une d'une qualité bien supérieure ; il ne dit point que cette eau est vile et méprisable, mais il donne un fait qui est attesté par l'expérience, c'est que celui qui boira de cette eau aura encore soif. 

Saint Augustin
Ce qui est très-vrai et de l'eau naturelle et de l'eau allégorique, dont elle est la figure. L'eau, dans le puits, signifie la volupté charnelle dans les profondeurs ténébreuses du siècle : c'est là que les hommes viennent la puiser avec l'urne de la convoitise, car c'est par la convoitise qu'on est poussé à la volupté. Mais lorsque l'homme s'est désaltéré dans les jouissances charnelles, sa soif sera-t-elle apaisée pour toujours ? Il est donc vrai que celui qui boira de cette eau aura encore soif. Mais s'il boit de l'eau que je donne, il n'aura jamais soif ; car comment ceux qui seront enivrés de l'abondance de la maison de Dieu (Ps 35), pourraient-ils encore éprouver le besoin de la soif ? Ce que le Sauveur promettait donc à cette femme, c'était l'effusion surabondante de l'Esprit saint qui devait rassasier son âme.

Saint Augustin
On peut dire aussi que la Samaritaine se conduisait encore par les inclinations de la chair, elle fut charmée de pouvoir échapper au besoin de la soif, et elle s'imaginait que c'était une promesse toute matérielle que Notre-Seigneur lui avait faite. Dieu avait préservé pendant quarante jours son serviteur Elie de la faim et de la soif. (R 3, 19.) Puisqu'il pouvait en préserver pour quarante jours, ne pouvait-il pas affranchir pour toujours de la nécessité de boire ? Cette promesse sourit à cette femme, et elle prie le Sauveur de lui donner cette eau vive : « Seigneur, donnez-moi cette eau, afin que je n'aie plus soif, et que je ne vienne plus ici puiser, » car son indigence l'obligeait à cette fatigue, que sa faiblesse lui faisait repousser. Plût à Dieu qu'elle eût entendu cette douce invitation : « Venez à moi, vous qui travaillez et qui êtes chargés, et je vous soulagerai ! » (Mt 11) Jésus adressait ces paroles pour la délivrer de tout travail, mais elle ne les comprenait pas encore. Nôtre-Seigneur voulut enfin lui en donner l'intelligence : « Jésus lui dit : Allez, appelez votre mari et venez ici. » Qu'est-ce que cela veut dire ? Est-ce que c'est par l'intermédiaire de son mari qu'il voulait lui donner cette eau ? Voulait-il se servir de lui pour lui enseigner ce qu'elle ne comprenait pas suivant la recommandation de l'Apôtre : « Si les femmes veulent s'instruire de quelque chose, qu'elles le demandent à leurs maris dans la maison ? » Mais cela ne doit se faire que lorsqu'on n'a pas le Seigneur lui-même pour maître, car dès lors qu'il était présent, qu'était-il besoin du mari pour enseigner la femme ? Est-ce que le Sauveur employait l'intermédiaire d'un homme pour parler à Marie qui était assise à ses pieds ?

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Jn 4, 19-24 : 19 La femme dit : "Seigneur, je vois que vous êtes un prophète. 20 Nos pères ont adoré sur cette montagne, et vous, vous dites que c'est à Jérusalem qu'est le lieu où il faut adorer." 21 Jésus dit : "Femme, croyez-moi, l'heure vient où ce ne sera ni sur cette montagne, ni dans Jérusalem, que vous adorerez le Père. 22 Vous adorez ce que vous ne connaissez pas ; nous, nous adorons ce que nous connaissons, car le salut vient des Juifs. 23 Mais l'heure approche, et elle est déjà venue, où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité; ce sont de tels adorateurs que le Père demande. 24 Dieu est esprit, et ceux qui l'adorent doivent l'adorer en esprit et en vérité." 

Saint Jean Chrysostome
Cette femme ne s'offense pas des reproches du Sauveur, elle ne songe pas à le quitter, mais pleine au contraire d'admiration, elle prolonge la conversation pour rester avec lui : « La femme lui dit : Seigneur, je vois que vous êtes un prophète, » c'est-à-dire, les secrets que vous venez de me révéler me prouvent que vous êtes un prophète.

Saint Augustin
Elle entame la discussion par le sujet qui la préoccupait le plus : « Nos pères, dit-elle, ont adoré sur cette montagne, et vous vous dites que Jérusalem est le lieu où il faut adorer. » C'était le grand sujet de dispute entre les Samaritains et les juifs. Les Juifs adoraient Dieu dans le temple bâti par Salomon, et se vantaient par là même d'être supérieurs aux Samaritains. Ceux-ci leur répondaient : Pourquoi vous vanter d'être en possession d'un temple que nous, Samaritains, nous n'avons pas ? Est-ce que nos pères qui, certes, ont été agréables à Dieu, l'ont adoré dans ce temple ? Nous sommes donc bien plus en droit de prier Dieu sur cette montagne où nos pères lui ont offert leurs adorations.

Origène
Nôtre-Seigneur répète deux fois : « L'heure vient. » La première fois, sans ajouter : « La voici, elle est venue ; » la seconde fois, en ajoutant : « Et elle est venue. » Je crois que la première fois, Nôtre-Seigneur veut exprimer l'adoration parfaite de l'âme affranchie du corps dans l'autre vie, et que la seconde fois il veut parler de celle que nous rendons à Dieu dans la vie présente avec toute la perfection possible à la nature humaine. Lors donc que sera venue la première heure prédite par le Sauveur, il nous faudra éviter la montagne des Samaritains et adorer Dieu dans Sion où est Jérusalem, qui est appelée par Jésus-Christ la cité du grand roi. C'est l'Eglise où l'oblation sainte et les victimes spirituelles sont offertes en présence de Dieu par ceux qui ont l'intelligence de la loi spirituelle. Mais lorsque l'ordre des siècles sera révolu, il ne faudra plus songer à rendre le vrai culte à Dieu dans Jérusalem, c'est-à-dire, dans l'Eglise de la terre, car les anges n'adorent pus Dieu dans Jérusalem ; ainsi ceux dont les Juifs n'étaient que la figure, adorent le Père d'une manière bien supérieure à ceux qui habitent Jérusalem. Lorsque cette heure sera venue, chaque fidèle deviendra le fils du Père. C'est pour cela que Nôtre-Seigneur ne dit pas : Vous adorerez Dieu, mais : « Vous adorerez le Père. » Dans la vie présente, les vrais adorateurs adorent Dieu en esprit et en vérité.

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Jn 4, 25-26 : 25 La femme lui répondit : " Je sais que le Messie (celui qu'on appelle Christ) va venir; lorsqu'il sera venu, il nous instruira de toutes choses. " 26 Jésus lui dit : "  Je le suis, moi qui vous parle. " 

Saint Augustin
Le mot grec Christ qui veut dire en latin oint signifie en hébreu Messie. La Samaritaine savait donc déjà que c'était au Messie de l'instruire, mais elle ne connaissait pas encore que le Messie était précisément celui qui dans ce moment l'instruisait sur ce grave sujet. Voilà pourquoi elle ajouta : « Lors donc qu'il sera venu, il nous instruira de toutes choses. » Elle semble dire : Les Juifs disputent dans l'intérêt de leur temple, et nous en faveur de cette montagne, lorsque le Messie viendra, il rejettera cette montagne, il renversera le temple et nous enseignera comment il faut adorer Dieu en esprit et en vérité.

Saint Jean Chrysostome
Nôtre-Seigneur ne tarde pas davantage à se révéler à cette femme : « Jésus lui dit : Je le suis, moi qui vous parle. » S'il s'était fait connaître dès le commencement, il eût paru céder à un sentiment de vanité, au contraire, après qu'il a réveillé insensiblement dans l'esprit de cette femme le souvenir du Christ, cette révélation est on ne peut plus opportune. Les Juifs demandèrent un jour au Sauveur : « Si vous êtes le Christ, dites-le nous franchement. » (Jn 10) Mais il ne leur répondit que d'une manière obscure et mystérieuse, parce qu'ils lui faisaient cette demande, non dans le désir de s'instruire et pour croire en lui, mais pour le calomnier, tandis que cette femme parlait dans toute la simplicité de son cœur.

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Jn 4, 27-30 : 27 Et à ce moment arrivèrent ses disciples, et ils s'étonnèrent de ce qu'il parlait avec une femme ; néanmoins, aucun ne dit: " Que demandez-vous ? " ou : " Pourquoi parlez-vous avec elle ? " 28 La femme, alors, laissant là sa cruche, s'en alla dans la ville, et dit aux habitants : 29 " Venez voir un homme qui m'a dit ce que j'ai fait; ne serait-ce point le Christ ? " 30 Ils sortirent de la ville, et vinrent à lui. 

Saint Jean Chrysostome
Cependant, malgré leur étonnement, ils ne lui demandent point la raison de cet entretien. « Néanmoins aucun ne dit : Que lui demandez-vous ? ou : Pourquoi parlez-vous avec elle ? » Ils étaient habitués à garder la sage réserve qui convient à des disciples pleins d'une crainte respectueuse pour leur maître. Dans d'autres circonstances, ils l'interrogent avec liberté sur des choses qu'il leur importait de savoir, tandis qu'il n'y avait rien pour eux de personnel dans cet entretien.

Origène
Nôtre-Seigneur se sert de cette femme comme d'un apôtre pour évangéliser ses concitoyens, il l'a tellement enflammée par ses paroles du feu sacré du zèle, qu'elle laisse là son urne pour retourner à la ville et raconter tout à ses concitoyens : « La femme alors, laissant là sa cruche, s'en alla dans la ville. » Elle oublie et les soins du corps, et la bassesse apparente de l'office qu'elle remplissait, elle ne voit que l'utilité du plus grand nombre. Ainsi devons-nous oublier et sacrifier nos intérêts corporels, pour nous efforcer de communiquer aux autres les biens que nous avons reçus.

Saint Jean Chrysostome
Elle n'a point de honte de révéler les désordres de sa vie, car lorsque l'âme est enflammée de l'amour divin, aucune des choses de la terre ne l'arrête plus, elle n'est sensible ni à la gloire, ni à la honte, elle obéit uniquement à la flamme qui la dévore. Cette femme ne prétend pas qu'on la croie sur parole, et elle demande à ses concitoyens de venir se convaincre de leurs yeux et de leurs oreilles de la vérité de la doctrine du Christ. Aussi ne leur dit-elle pas : Venez et croyez, mais : « Venez et voyez, » ce qui était moins décisif ; car elle était persuadée que s'ils approchaient seulement leurs lèvres de cette source divine, ils éprouveraient aussitôt ce qu'elle avait éprouvé elle-même.

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Jn 4, 31-34 : 31 Pendant l'intervalle, ses disciples le pressaient, en disant : " Maître, mangez. " 32 Mais il leur dit : " J'ai à manger une nourriture que vous ne connaissez pas. " 33 Et les disciples se disaient les uns aux autres : " quelqu'un lui aurait-il apporté à manger ? " 34 Jésus leur dit : " Ma nourriture est de faire la volonté de celui qui m'a envoyé et d'accomplir son œuvre. 

Saint Jean Chrysostome
Il parle ici du salut des hommes comme d'une nourriture pour nous faire comprendre le grand désir qu'il a de notre salut. Il le désire aussi vivement qu'il nous est naturel de désirer la nourriture. Mais remarquez qu'il ne révèle pas aussitôt cette vérité, il fait naître le doute dans l'esprit de ses auditeurs, pour qu'ils embrassent avec plus d'ardeur la vérité qui a été de leur part l'objet de sérieuses recherches.

Théophylactus
De ces paroles : « Quelqu'un lui aurait-il apporté à manger ? » nous concluons légitimement que Nôtre-Seigneur avait coutume de recevoir les aliments qu'on lui offrait, non sans doute qu'il eût besoin du secours d'autrui, lui qui donne la nourriture à toute chair (Ps 146), mais pour donner à ceux qui lui faisaient cette offrande l'occasion d'une action méritoire. Il nous apprenait en même temps à ne point rougir de la pauvreté, comme aussi à ne point regarder comme une humiliation d'être nourri par les autres, car c'est une nécessité inhérente à la condition des docteurs de se décharger sur les autres du soin de pourvoir à leur nourriture pour s'occuper exclusivement du ministère de la parole.

Origène
La nourriture qui convient au Fils de Dieu c'est d'accomplir la volonté de son Père, en se proposant pour règle de ses actions les décrets de cette volonté divine. Or, le Fils de Dieu peut seul accomplir dans sa perfection la volonté du Père. Les autres saints conforment toutes leurs actions à cette volonté, mais celui-là seul l'accomplit dans toute sa perfection qui a dit : « Ma nourriture est de faire la volonté de celui qui m'a envoyé. » C'est la nourriture qui lui est exclusivement propre. Mais quelle est la volonté du Père ? C'est, ajoute Nôtre-Seigneur, d'accomplir son œuvre. En effet, pour parler simplement, dans un ouvrage quelconque, l'œuvre qui est commandée est lu fait de celui qui commande, c'est ainsi que nous disons de ceux qui construisent une maison ou creusent la terre, qu'ils exécutent l'œuvre de celui qui les a pris à son service. Mais si l'œuvre de Dieu est parfaitement accomplie par Jésus-Christ, elle était donc imparfaite auparavant, et comment admettre l'imperfection dans l'œuvre de Dieu ? L'accomplissement parfait de cette œuvre, c'était le perfectionnement de la créature raisonnable, et c'est pour donner toute sa perfection à cette oeuvre imparfaite que le Verbe s'est fait chair et qu'il a habité parmi nous. Nous disons donc que l'homme avait été créé dans un certain état de perfection, il en est déchu par sa faute, et le Seigneur a été envoyé d'abord pour accomplir la volonté de celui qui l'avait envoyé, et en second lieu, pour consommer l'œuvre de Dieu, afin que tout chrétien puisse parvenir à la perfection nécessaire pour participer à une nourriture plus solide.

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Jn 4, 35-38 : 35 Ne dites-vous pas vous-mêmes : Encore quatre mois, et ce sera la moisson ? Moi, je vous dis : Levez les yeux, et voyez les champs qui déjà blanchissent pour la moisson. 36 Le moissonneur reçoit son salaire et recueille du fruit pour la vie éternelle, afin que le semeur et le moissonneur se réjouissent ensemble . 37 Car ici s'applique l'adage : Autre est le semeur et autre le moissonneur. 38 Je vous ai envoyés moissonner ce que vous n'avez pas travaillé; d'autres ont travaillé et vous, vous êtes entrés dans leur travail. " 

Saint Jean Chrysostome
Il se sert des choses les plus ordinaires pour les élever à la considération des vérités les plus sublimes ; les champs et la moisson sont ici la figure des âmes qui sont prêtes à recevoir la parole de la prédication. Les yeux sont ici tout à la fois les yeux du corps et de l'âme, car les disciples voyaient en effet les Samaritains qui accouraient en foule. La comparaison qu'il fait des dispositions de ces hommes avec les champs qui blanchissent, est des plus justes, car de même que les épis blanchis n'attendent plus que la faux du moissonneur, ainsi ces hommes sont prêts à recevoir le salut. Mais pourquoi Jésus ne dit-il pas clairement et sans figure qu'ils sont disposés à recevoir la prédication de l'Evangile ? Pour deux raisons : premièrement, pour rendre cette vérité plus saillante en la plaçant pour ainsi dire sous les yeux ; secondement, pour donner plus de charme à son récit et en rendre le souvenir plus durable.

Saint Augustin
Quoi donc ? Nôtre-Seigneur envoie des moissonneurs et non pas des semeurs. Et où envoie-t-il des moissonneurs ? Là où les prophètes avaient déjà répandu la semence. Lisez leurs travaux, et dans tous ces travaux vous trouverez une prophétie du Christ. La moisson était donc prête à recueillir, lorsque tant de milliers d'hommes offraient le prix de leurs biens (Ac 4), et le déposaient aux pieds des Apôtres, heureux de se décharger du fardeau des biens de la terre pour suivre plus librement Nôtre-Seigneur Jésus-Christ. Quelques grains de cette moisson ont été jetés dans la terre, et ont ensemencé l'univers tout entier ; il en est sorti une antre moisson qui ne doit point être recueillie par les Apôtres, mais par les anges : « Les moissonneurs, dit-il ailleurs, sont les anges. » (Mt 13)

Origène
On peut encore donner de tout ce passage, l'explication suivante. Si rien ne s'oppose à ce qu'on entende dans un sens allégorique ces paroles : « Levez les yeux, » etc., n'est-il pas permis d'entendre dans le même sens les paroles qui précèdent immédiatement : « Ne dites-vous pas : Encore quatre mois, et la moisson sera venue ? » Or, voici l'explication qu'on pourrait donner de ces paroles des disciples : « Encore quatre mois, et la moisson sera venue. » Un grand nombre des disciples du Verbe, c'est-à-dire du Fils de Dieu, qui considèrent que la vérité est incompréhensible à la nature humaine, n'ont pas plus tôt découvert qu'il y avait une vie différente de la vie présente qui est soumise à la corruption des quatre éléments, qui sont comme autant de mois, qu'ils croient ne parvenir qu'après cette vie seulement à la connaissance de la vérité. Les disciples disent donc de la moisson, qui est le terme de tous les efforts qui tendent à la vérité, qu'elle se fera après qu'aura cessé la domination des quatre éléments. Le Verbe incarné redresse dans leur esprit cette pensée qui n'est pas conforme à la vérité, en leur disant : « Ne dites-vous pas : Encore quatre mois et la moisson vient. Et moi je vous dis : « Levez les yeux. » Dans plusieurs endroits de l'Ecriture, le Verbe divin nous fait cette recommandation d'élever nos pensées qui se traînent ordinairement sur les choses de la terre, et qui ne peuvent s'en affranchir sans le secours de Jésus. Nul, en effet, ne peut obéir à ce commandement, s'il reste l'esclave de ses passions et d'une vie sensuelle, il ne verra point les champs blanchis pour la moisson. Or, les champs blanchissent, lorsque le Verbe de Dieu répand sa lumière sur toutes les parties de l'Ecriture, auxquelles l'avènement de Jésus donne tonte leur fécondité. Toutes les choses sensibles elles-mêmes sont comme des champs blanchis pour la moisson, pour ceux qui élèvent les yeux, lorsque la raison nous montre dans chaque objet créé l'éclat de la vérité qui se trouve répandue sur toutes choses. (Traité 16.) Celui qui recueille ces moissons spirituelles a un double avantage, le premier, lorsqu'il reçoit sa récompense : « Et celui qui moissonne, reçoit une récompense, » c'est-à-dire la récompense future : « Et il recueille le fruit pour la vie éternelle, » ce qui exprime une disposition précieuse dé l'intelligence, qui est le fruit de la contemplation elle-même. Dans toute doctrine, je pense, celui qui pose les principes est celui qui sème ; d'autres à leur tour prennent ces principes, les méditent, les fécondent par de nouvelles considérations, et procurent ainsi à leurs descendants l'avantage de moissonner et de recueillir des fruits qui sont parvenus à leur maturité. C'est surtout dans l'art des arts que nous pouvons voir l'application de cette vérité. Ceux qui ont semé, c'est Moïse et les prophètes qui ont prédit l'avènement du Christ ; les moissonneurs sont les Apôtres qui ont reçu Jésus-Christ et contemplé sa gloire. La semence, c'est la connaissance que nous donne la révélation du mystère qui a été caché et comme enseveli dans le silence des siècles passés ; les champs sont les livres de la loi et des prophètes qui n'avaient point leur clarté, pour ceux qui n'étaient point capables de comprendre l'avènement du Verbe. Celui qui sème et celui qui moissonne partageront la même joie, lorsque dans la vie future le chagrin et la tristesse auront complètement disparu. C'est ce qui a commencé à se réaliser, lorsque Jésus fut transfiguré dans la gloire, et que les moissonneurs Pierre, Jacques et Jean, et les semeurs, Moïse et Elie se livraient à une joie commune en voyant la gloire du Fils de Dieu. Examinez cependant si ces mêmes paroles : « Autre est celui qui sème, et autre celui qui moissonne, » ne peuvent pas s'entendre des temps différents dans lesquels les hommes ont été justifiés, lorsqu'ils étaient les uns disciples de l'Evangile, les autres simples observateurs de la loi. Les uns et les autres ont part cependant à la même joie, car c'est la même fin que se propose un seul et même Dieu, par le même Jésus-Christ et dans un même Esprit. Les Apôtres sont entrés dans les travaux des prophètes et de Moïse, ils les ont moissonnés d'après les instructions de Jésus, en recueillant dans leurs greniers, c'est-à-dire dans leur intelligence, les vérités cachées dans les écrits de Moïse et des prophètes. Ceux qui recueillent les fruits d'une doctrine déjà semée, ont un partage plus éclatant, mais sont loin de travailler autant que ceux qui ont répandu la semence.

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Jn 4, 39-42 : 39 Or, beaucoup de Samaritains de cette ville crurent en Jésus sur la parole de la femme qui avait rendu ce témoignage : " Il m'a dit tout ce que j'ai fait. " 40 Les Samaritains étant donc venus vers lui, le prièrent de rester chez eux, et il y demeura deux jours. 41 Et un plus grand nombre crurent en lui pour l'avoir entendu lui-même. 42 Et ils disaient à la femme : " Maintenant ce n'est plus à cause de ce que vous avez dit que nous croyons ; car nous l'avons entendu nous-mêmes, et nous savons qu'il est vraiment le Sauveur du monde. " 

Saint Jean Chrysostome
Ce fut donc sur le seul témoignage de cette femme, et sans avoir vu aucun miracle, qu'ils sortirent de la ville, et prièrent Jésus de rester au milieu d'eux. Les Juifs, au contraire, témoins de tant de miracles, non-seulement ne cherchèrent point à le retenir au milieu d'eux, mais mirent tout en œuvre pour le chasser de leur pays. Rien de plus mauvais, en effet, que l'envie et la jalousie, rien de plus pernicieux que la vaine gloire qui corrompt et détruit tous les biens qu'elle touche. Les Samaritains voulaient le retenir toujours auprès d'eux, mais il ne se rendit pas à leurs désirs, il demeura seulement deux jours avec eux : « Et il y demeura deux jours. »

Origène
On pourrait demander avec assez de raison comment le Sauveur a pu rester deux jours avec les Samaritains, qui l'en avaient prié, lui qui avait défendu à ses disciples d'entrer dans les villes des Samaritains. (Mt 10) Et il est évident que les disciples y entrèrent avec lui. Nous répondons que marcher dans la voie des nations, c'est se laisser gagner par les croyances des nations, et en faire la règle de sa conduite, et qu'entrer dans les villes des Samaritains, c'est adhérer à la fausse doctrine de ceux qui admettent la loi, les prophètes, les évangiles et les écrits des Apôtres ; mais lorsqu'ils abandonnent leur doctrine personnelle pour venir trouver Jésus, il est alors permis de demeurer avec eux.

Saint Augustin
Les Samaritains connurent donc Jésus-Christ, d'abord par ce qu'ils entendirent raconter de lui, et ensuite par ce qu'ils virent de leurs yeux. Il tient encore aujourd'hui la même conduite à l'égard de ceux qui sont en dehors de l'Eglise et ne sont pas encore chrétiens. Ce sont les amis de Jésus-Christ, déjà chrétiens eux-mêmes, qui commencent à le faire connaître, et c'est sur le témoignage de cette femme, c'est-à-dire, de l'Eglise, qu'ils viennent le trouver. Ils croient donc d'abord par l'intermédiaire de cette femme, mais sur le témoignage même du Sauveur, un bien plus grand nombre croit et d'une foi plus parfaite qu'il est vraiment le Sauveur du monde.

Plus de commentaires de Jn 4, 39-42.

Jn 4, 43-45 : 43 Après ces deux jours, Jésus partit de là pour se rendre en Galilée. 44Car Jésus avait déclaré lui-même qu'un prophète n'est point honoré dans sa patrie. 45 Lorsqu'il fut arrivé en Galilée, les Galiléens l'accueillirent, ayant vu tout ce qu'il avait fait à Jérusalem pendant la fête ; 

Saint Augustin
Après avoir passé deux jours dans la Samarie, Jésus s'en alla en Galilée, où il avait été élevé : « Deux jours après il sortit de ce lieu, » etc. Il nous parait surprenant que l'Evangéliste ajoute : « Car Jésus lui-même a rendu ce témoignage qu'un prophète n'est point honoré dans sa patrie, » il semble qu'il eût été plus logique de dire qu'un prophète n'est point honoré dans sa patrie, s'il avait évité d'aller dans la Galilée et qu'il fût resté dans la Samarie. Voici à mon avis l'explication de cette difficulté : Jésus ne resta que deux jours dans Samarie, et tous les Samaritains crurent en lui ; il prolonge son séjour dans la Galilée, et les Galiléens refusèrent de croire en lui, et c'est ce qui lui fait dire qu'un prophète est sans honneur dans sa sa patrie.

Saint Jean Chrysostome
Quoi donc ? Est-ce que nous ne voyons pas un certain nombre d'hommes qui ont excité l'admiration de leur concitoyens ? Oui, sans doute, mais il ne faut pas prendre l'exception qui arrive rarement comme règle générale. D'ailleurs, s'ils ont été honorés dans leur patrie, ils l'eussent encore été davantage dans un autre pays, car l'habitude et la familiarité engendrent ordinairement le mépris : Lorsque Jésus fut arrivé dans la Galilée, il fut donc accueilli par les Galiléens, comme le remarque l'Evangéliste. Vous voyez que ce sont ceux qui étaient considérés comme plus mauvais qui se pressent le plus d'approcher de Jésus. N'est-ce pas en effet des Galiléens qu'il est dit : « Interrogez et voyez si jamais il s'est élevé un prophète dans la Galilée. » Quant aux Samaritains, on faisait un reproche au Sauveur de ses rapports avec eux : « Vous êtes un Samaritain et un possédé du démon. » (Jn18) Or, voilà que les Samaritains et les Galiléens ont embrassé la foi à la grande confusion des Juifs. Les Galiléens paraissent même supérieurs aux Samaritaine car ces derniers n'ont cru que sur le témoignage d'une femme, tandis que la foi des Galiléens s'est appuyée sur les miracles que le Sauveur avait opérés sous leurs yeux : « Les Galiléens l'accueillirent, ayant vu tout ce qu'il avait fait à Jérusalem pendant la fête. »

Bède le Vénérable
Mais comment purent-ils être témoins de ces miracles ? parce qu'eux aussi étaient venus à cette fête. Nous voyons ici en figure que lorsque les nations auront été affermies dans la foi par les deux préceptes de la charité, Jésus-Christ, à la fin du monde, retournera dans sa patrie, c'est-à-dire, vers les Juifs.

Plus de commentaires de Jn 4, 43-45.

Jn 4, 46-54 : 46 Car eux aussi étaient allés à la fête. Il retourna donc à Cana en Galilée, où il avait changé l'eau en vin. Or, il y avait un officier du roi dont le fils était malade à Capharnaüm. 47 Ayant appris que Jésus arrivait de Judée en Galilée, il alla vers lui, et le pria de descendre, pour guérir son fils qui était à la mort. 48 Jésus lui dit ; " Si vous ne voyez des signes et des prodiges, vous ne croyez point. " 49 L'officier du roi lui dit : " Seigneur, venez avant que mon enfant ne meure " 50 " Va, lui répondit Jésus, ton enfant est plein de vie. " Cet homme crut à la parole que Jésus lui avait dite et partit. 51 Comme il s'en retournait, ses serviteurs vinrent à sa rencontre, et lui apprirent que son enfant vivait. 52 Il leur demanda à quelle heure il s'était trouvé mieux, et ils lui dirent : " Hier, à la septième heure, la fièvre l'a quitté. " 53 Le père reconnut que c'était l'heure à laquelle Jésus lui avait dit : " Ton fils est plein de vie ", et il crut, lui et toute sa maison. 54 Ce fut le second miracle que fit Jésus en revenant de Judée en Galilée. 

Saint Augustin
Lorsqu'il changea l'eau en vin dans cette circonstance, ses disciples crurent en lui, la maison était pleine de convives, et cependant à la vue d'un si grand miracle, aucun autre ne crut à sa puissance divine. Il revient donc dans cette ville pour amener à la foi ceux que son premier miracle n'avait pu déterminer à croire.

Saint Jean Chrysostome
L'Evangéliste lui donne le nom de Régulus, officier royal, soit qu'il fût de race royale, soit qu'il fût revêtu de quelque haute dignité qui lui faisait donner ce titre. Il en est qui pensent que cet officier est le même que le centenier dont parle saint Matthieu (Mt 8, 5). Mais tout prouve que ce sont deux personnages différents. Le centenier prie Jésus de ne pas venir dans sa maison, alors que le Sauveur se disposait à y aller, cet officier, au contraire, veut l'entraîner chez lui sans que Nôtre-Seigneur le lui ait promis. Le premier vint trouver Jésus, alors qu'il descendait de la montagne et qu'il entrait à Capharnaüm, celui-ci, lorsque le Sauveur était dans la ville de Cana. Le serviteur de l'un était paralytique, le fils du second était atteint d'une fièvre mortelle. C'est donc de l'officier royal que l'Evangéliste dit : « Ayant appris que Jésus arrivait de Judée en Galilée, il l'alla trouver et le pria de descendre en sa maison, » etc.

Saint Grégoire le Grand
Notre-Seigneur à qui cette prière est adressée, veut nous apprendre qu'il se rend toujours aux invitations qui lui sont faites, et il guérit le fils de cet homme par son commandement, lui qui a tout créé par sa volonté : « Jésus lui dit : Allez, votre fils est plein de vie. » Quelle condamnation pour notre orgueil qui respecte et vénère dans les hommes non cette nature faite à l'image et à la ressemblance de Dieu, mais les honneurs et les richesses ! Notre Rédempteur au contraire, pour nous apprendre que les saints méprisent ce qui paraît élevé aux yeux des hommes, et qu'ils estiment et vénèrent ce que les hommes méprisent, refuse d'aller dans la maison de cet officier pour guérir son fils ; et il est disposé au contraire à se rendre près du serviteur du centenier.

Plus de commentaires de Jn 4, 46-54.

Commentaires de Jean 2, 13-25 (Année B)


Jn 2, 13 : 13 Or la Pâque des Juifs était proche, et Jésus monta à Jérusalem. 

Saint Augustin
Tel est le Seigneur notre Dieu, le Verbe de Dieu, le Verbe fait chair, le Fils du Père, le Fils de Dieu, et en même temps le Fils de l'homme. Il est le Très-Haut, et par-là même notre Créateur, il s'est fait humble pour nous régénérer; il vit au milieu des hommes, il se soumet aux infirmités de leur nature, et voile ainsi ses attributs divins. Il a une mère, il a des frères, il a des disciples. Il a des frères, par la même raison qu'il a une mère. Or, l'Écriture a coutume de donner le nom de frères, non-seulement à ceux qui ont un même père ou une même mère, mais encore à ceux qui sont nés au même degré de deux frères ou de deux sœurs. Quelle était donc la parenté de ces frères avec le Seigneur ? car il est certain que Marie n'eût pas d'autres enfants, puisque c'est à elle que remonte l'honneur de la virginité. Abraham était oncle de Loth (Gn 12), et Jacob avait également pour oncle Laban le Syrien (Gn 13), et cependant l'Ecriture leur donne à tous le nom de frères. 

Eusèbe de Césarée
Lorsque Jean l'Evangéliste eut pris connaissance des trois premiers évangiles, il confirma par son témoignage l'authenticité de la doctrine et la véracité des faits qu'ils contenaient, mais il y découvrit quelques lacunes, surtout pour les premiers temps de la prédication du Sauveur. Il paraît certain, en effet, que les trois premiers évangiles ne contiennent que les faits qui se sont passés l'année où Jean-Baptiste a été jeté dans les fers et mis à mort. C'est pour cela que saint Jean fut prié de transmettre par écrit les événements de la vie du Sauveur qui avaient précédé l'emprisonnement de Jean-Baptiste, et un examen attentif découvrira que les Evangiles ne se contredisent pas, mais que saint Jean et les trois premiers Evangélistes racontent des faits qui se sont passés dans des temps différents.

Origène
Dans le sens allégorique, c'est après la préparation des noces à Cana, en Galilée, que Jésus, avec sa mère, ses frères et ses disciples, descend à Capharnaüm, dont le nom signifie le champ de la consolation. Après avoir donné le vin généreux qui augmente la force et l'ardeur, il était convenable que le Sauveur vint avec sa mère et ses disciples dans le champ de la consolation pour consoler et fortifier par l'espérance des fruits à venir, et par la perspective des champs nombreux et fertiles ceux qui embrassaient sa doctrine, et aussi l'âme de celle qui l'avait conçu du Saint-Esprit. Ceux qui portent des fruits de salut voient descendre vers eux Nôtre-Seigneur, avec les ministres de la parole sainte et ses disciples, et le Seigneur vient les fortifier en présence de sa sainte mère, et souvent même par son intercession. Ceux qui ont été conduits à Capharnaüm, ne supportent pas longtemps la présence de Jésus, parce que le champ de la consolation terrestre ne peut supporter l'éclat d'un grand nombre de vérités, et peut à peine en recevoir quelques-unes.

Plus de commentaires de Jn 2, 13.

Jn 2, 14-17 : 14 Il trouva dans le temple les marchands de bœufs, de brebis, et de colombes, et les changeurs assis. 15 Et ayant fait un petit fouet avec des cordes, il les chassa tous du temple, avec les brebis et les bœufs ; il jeta par terre l'argent des changeurs et renversa leurs tables. 16 Et il dit aux vendeurs de colombes : "  Enlevez cela d'ici; ne faites pas de la maison de mon Père une maison de trafic. " 17 Les disciples se ressouvinrent alors qu'il est écrit : " Le zèle de votre maison me dévore. " 

Bède le Vénérable
Mais comme ceux qui venaient de loin ne pouvaient porter avec eux les victimes qu'ils devaient immoler, ils en apportaient le prix. C'est ce qui donna lieu à l'usage établi par les scribes et les pharisiens de vendre les animaux destinés aux sacrifices ; les pèlerins achetaient ces animaux et les offraient à Dieu, et les scribes et les pharisiens les revendaient à d'autres après qu'ils avaient été offerts, et augmentaient ainsi leurs bénéfices. Des changeurs se tenaient à leurs comptoirs pour faciliter les transactions entre les acheteurs et les vendeurs, c'est pour cela que l'Evangéliste ajoute : « Et les changeurs assis à leurs tables. » Le Seigneur ne veut pas souffrir dans sa maison le moindre trafic terrestre, n'eut-il rien que de légitime, et il chasse dehors, sans distinction, tous les trafiquants.

Origène
Examinons sérieusement cette action qui peut nous paraître excessive, puisque nous y voyons le Fils de Dieu se faire un fouet avec des cordes pour chasser ces vendeurs hors du temple. A toutes les difficultés qu'on pourrait objecter, nous aurons toujours pour réponse la puissance divine de Jésus, qui pouvait, lorsqu'il le voulait, réprimer la fureur de ses ennemis, malgré leur nombre, et apaiser l'agitation tumultueuse de leurs esprits ; « car le Seigneur dissipe les desseins des nations, il rend vaines les pensées des peuples, et il renverse les conseils des princes. » (Ps 32, 10.) Ce fait ne le cède en rien aux miracles les plus éclatants de la vie du Sauveur, on peut même assurer qu'il y déploie une puissance plus grande que lorsqu'il changea l'eau en vin ; car dans ce dernier miracle, il agit sur une matière inanimée, tandis que dans le premier, c'est sur des milliers d'hommes qu'il exerce sa domination.

Saint Jean Chrysostome
Mais pourquoi Nôtre-Seigneur manifeste-t-il un si grand courroux ? Il devait opérer des guérisons le jour du sabbat, et faire un grand nombre d'œuvres qui paraissaient aux Juifs une véritable transgression de la loi de Dieu. C'est donc pour leur prouver qu'il n'est point en opposition avec Dieu, qu'il chasse, au péril de sa vie, les marchands hors du temple, et il donne à comprendre que celui qui s'expose ainsi au danger pour défendre l'honneur de la maison, ne peut être accusé de mépriser le maître de la maison ; aussi pour montrer la parfaite harmonie qui règne entre Dieu et lui, il ne dit pas : La maison sainte, mais : « La maison de mon Père. » C'est pour la même raison que l'Evangéliste ajoute : « Ses disciples se ressouvinrent alors qu'il est écrit : Le zèle de votre maison me dévore. »

Plus de commentaires de Jn 2, 14-17.

Jn 2, 18-22 : 18 Les Juifs prenant la parole lui dirent : " Quel signe nous montrez-vous pour agir de la sorte ? " 19 Jésus leur répondit : " Détruisez ce temple et je le relèverai en trois jours. " 20 Les Juifs repartirent : " C'est en quarante-six ans que ce temple a été bâti, et vous, en trois jours vous le relèverez ! " 21 Mais lui, il parlait du temple de son corps. 22 Lors donc qu'il fut ressuscité d'entre les morts, ses disciples se souvinrent qu'il avait dit cela, et ils crurent à l'Écriture et à la parole que Jésus avait dite. 

Saint Jean Chrysostome
Etait-il donc besoin d'un miracle pour lui donner le droit de mettre fin à des actions coupables ? Le zèle ardent qu'il faisait paraître pour la maison de Dieu, n'était-il pas une preuve éclatante de sa puissance ? Ils se souvenaient bien de la prédiction du prophète, mais ils ne laissent pas de lui demander un miracle, parce qu'ils sont mécontents de le voir entraver le honteux trafic auquel ils se livraient dans le temple et qu'ils veulent l'empêcher d'exercer cette puissance. Ils ont la prétention de le déterminer ou à faire un miracle, ou à revenir sur la défense qu'il leur a faite. Aussi Nôtre-Seigneur ne leur accorde pas le miracle qu'il demande. Il leur répond comme il fera plus tard à ceux qui venaient lui demander un prodige dans le ciel : « Cette génération coupable et adultère demande un signe, et il ne lui sera donné d'autre signe que celui du prophète Jonas. » (Mt 12) C'est la même réponse de part et d'autre, mais dans cette dernière circonstance, le Sauveur s'exprime plus clairement, tandis qu'ici sa réponse a quelque chose de plus obscur. Sans nul doute il eut accédé à leur demande, lui qui multipliait les miracles avant même qu'on le lui demandât, s'il n'avait remarqué tout ce que leur âme renfermait de fourberie : « Il leur dit donc : Détruisez ce temple, et je le relèverai en trois jours. »

Bède le Vénérable
Ils demandent à Notre-Seigneur un signe qui établit le droit qu'il se donnait de défendre dans le temple le trafic qui s'y faisait ordinairement ; et il leur répond que ce temple était la figure de son corps dans lequel on ne pourrait trouver la moindre tache du péché. Voici donc le sens de ses paroles : de même que je purifie ce temple inanimé du trafic coupable et des crimes dont vous le souillez, ainsi je ressusciterai après trois jours, lorsque tous l'aurez détruit de vos propres mains, ce temple de mon corps, dont ce temple matériel est la figure.

Alcuin d'York
Remarquez que les Juifs ne veulent point parler ici de la première construction du temple par Salomon, et qui dura sept ans, mais de sa reconstruction par Zorobabel, qui se prolongea pendant quarante-six ans au milieu des obstacles sans nombre que les ennemis ne cessaient d'y apporter. (Esd 1, 4.)

Plus de commentaires de Jn 2, 18-22.

Jn 2, 23-25 : 23 Pendant que Jésus était à Jérusalem, à la fête de Pâque, beaucoup voyant les miracles qu'il faisait, crurent en son nom. 24 Mais Jésus ne se fiait point à eux, parce qu'il les connaissait tous, 25 Et qu'il n'avait pas besoin qu'on lui rendit témoignage d'aucun homme; car il savait, lui, ce qu'il y avait dans l'homme. 

Saint Jean Chrysostome
Les disciples qui s'étaient attachés à Jésus-Christ, non pour ses miracles, mais pour sa doctrine, avaient été les mieux inspirés. En effet, les esprits vulgaires sont attirés par l'éclat des miracles, tandis que les âmes plus élevées sont beaucoup plus sensibles à la vérité des prophéties ou de la doctrine. Aussi l'Evangéliste ajoute : « Mais Jésus ne se fiait pas à eux. »

Saint Jean Chrysostome
Ou bien encore, l'Évangéliste s'exprime de la sorte, parce que Jésus ne se fiait pas à eux, comme il se fie à des disciples parfaits, il ne leur confiait pas encore tous ses dogmes, comme ù des fidèles fortement affermis dans la foi ; car il ne s'arrêtait pas aux paroles qui sortent de la bouche, il pénétrait jusqu'au fond des cœurs, et savait parfaitement le moment favorable pour ses divines communications. C'est pour cela que l'auteur sacré ajoute : « Parce qu'il les connaissait tous, et qu'il n'avait pas besoin que personne lui rendit témoignage d'aucun homme, car il savait lui-même ce qu'il y avait dans l'homme. » En effet, il n'appartient qu'à Dieu, qui seul a formé les cœurs des hommes, de connaître ce qu'ils renferment de plus intime. Il n'avait donc nul besoin de témoignages étrangers pour lui apprendre les pensées secrètes des cœurs qu'il avait créés.

Bède le Vénérable
Avertissement salutaire de ne jamais nous reposer entièrement sur le témoignage de notre conscience, mais d'être toujours dans une craintive sollicitude ; car ce qui demeure caché pour nous, ne saurait échapper aux yeux du Juge éternel.

Plus de commentaires de Jn 2, 23-25.

Commentaires de Luc 13, 1-9 (Année C)


Luc 13, 1-5 : 1 Or, en ce même temps, quelques-uns vinrent lui rapporter ce qui était arrivé aux Galiléens, dont Pilate avait mêlé le sang à celui de leurs victimes. 2 Prenant la parole, il leur dit : " Pensez-vous que ces Galiléens fussent de plus grands pécheurs que tous les (autres) Galiléens, pour avoir souffert de la sorte ? 3 Non, je vous le dis ; mais si vous ne vous repentez pas, vous périrez tous de même. 4 Ou bien ces dix-huit, sur qui est tombée la tour de Siloé et qu'elle a tués, pensez-vous que leur dette fût plus grande que celle de tous les (autres) hommes qui habitent à Jérusalem ? 5 Non, je vous le dis; mais si vous ne vous repentez pas, vous périrez tous pareillement. " 

Saint Cyrille
C'étaient les sectateurs de Judas le Galiléen dont saint Luc fait mention dans les Actes des Apôtres ( Ac 5), qui prétendaient qu'on ne devait donner à personne le nom de maître. Aussi plusieurs d'entre eux qui ne voulaient pas reconnaître l'autorité de César, furent punis par Pilate. Ils enseignaient encore qu'on ne devait offrir à Dieu d'autres victimes que celles qui avaient été prescrites par Moïse; ils défendaient donc d'offrir les victimes présentées par le peuple pour le salut de l'empereur, et du peuple romain. Pilate indigné contre les Galiléens, ordonna de les mettre à mort au milieu même des sacrifices qu'ils offraient suivant les prescriptions de la loi, et mêla ainsi le sang des sacrificateurs au sang des victimes qu'ils immolaient. Or, comme la foule pensait qu'ils n'avaient souffert que ce qu'ils méritaient, parce qu'ils semaient la division dans le peuple, et indisposaient les princes contre leurs sujets, quelques-uns vinrent raconter ces faits au Sauveur pour savoir ce qu'il en pensait. Notre-Seigneur déclare que c'étaient des rebelles et des pécheurs, mais sans affirmer qu'ils étaient plus coupables que ceux qui avaient échappé à ce châtiment : « Il leur répondit: Pensez-vous que les Galiléens fussent plus pécheurs que tous les autres Galiléens, pour avoir été traités ainsi ? » etc.

Saint Jean Chrysostome
Dieu punit certains pécheurs, en mettant un terme à leur iniquité, en leur infligeant des peines légères, en les séparant complètement des autres, et en instruisant par l'exemple de leur châtiment ceux qui vivent dans le péché. Il ne punit pas tous les pécheurs ici-bas, il veut ainsi leur donner le moyen d'éviter par la pénitence les peines de cette vie, et les supplices de l'éternité; mais s'ils persévèrent dans le mal, ils doivent s'attendre à un châtiment plus sévère.

Bède le Vénérable
Pilate (qui signifie la bouche du forgeron )est la figure du démon, toujours prêt à frapper et à répandre le sang; le sang figure le péché, et les sacrifices représentent les bonnes oeuvres. Pilate mêle donc le sang des Galiléens avec leurs sacrifices, quand le démon cherche à souiller et à corrompre les aumônes et les autres bonnes oeuvres des fidèles, par les plaisirs sensuels, par le désir des louanges, ou par tout autre vice. Ces habitants de Jérusalem qui furent écrasés par la chute de cette tour, représentent les Juifs qui, pour n'avoir pas voulu faire pénitence, furent écrasés sous les ruines de leurs murailles. Et le nombre de dix-huit a ici une signification particulière, (ce nombre s'écrit en grec par les deux lettres I, et H, qui sont les premières du nom de Jésus. Ce nombre signifie donc que la cause première de la ruine des Juifs, c'est qu'ils n'ont pas voulu recevoir le nom de Jésus. Cette tour est la figure de celui qui est la tour de la force; elle est située à Siloé qui veut dire envoyé, parce qu'elle représente celui qui a été envoyé par son père, qui est venu dans le monde, et qui écrasera tous ceux sur lesquels il tombera.

Plus de commentaires de Luc 13, 1-5.

Luc 13, 6-9 : 6 Et il disait cette parabole : " Quelqu'un avait un figuier planté dans sa vigne; il vint y chercher des fruits, et il n'en trouva point. 7 Et il dit au vigneron : " Voilà trois ans que je viens chercher des fruits sur ce figuier, et je n'en trouve point; coupe-le : pourquoi aussi rend-il la terre inutile ? " 8 Il lui répondit : " Maître, laissez-le encore cette année, jusqu'à ce que j'aie creusé tout autour et mis du fumier. 9 Et s'il donnait des fruits à la saison prochaine. Sinon, vous le couperez. " 

Saint Ambroise
La vigne du Dieu des armées est celle qu'il a livrée au prise aux nations. La comparaison de la synagogue avec le figuier est on ne peut plus juste; de même, en effet, que cet arbre se couvre de larges feuilles en abondance, et trompe l'espérance de son maître qui en attend inutilement beaucoup de fruits; ainsi la synagogue avec ses docteurs stériles en oeuvres, et fiers de leurs paroles pompeuses qui ressemblent aux feuilles du figuier est toute couverte des ombres d'une loi infructueuse. Le figuier est encore le seul arbre qui tout d'abord produit des fruits au lieu des fleurs, dont les premiers fruits tombent pour faire place à d'autres, et qui conserve cependant une partie des premiers fruits. C'est ainsi que le premier peuple qui était sous l'autorité de la synagogue est tombé comme un fruit inutile, afin que le nouveau peuple qui a formé l'Église sortit de la sève abondante de l'ancienne religion. Cependant les premiers d'entre les Israélites qui avaient été produits par un rameau d'une nature plus vigoureuse, à l'ombre de la loi et de la croix, dans le sein de l'une et de l'autre, nourris et colorés par cette double sève, et semblables aux premières figues qui arrivent à la maturité, l'ont emporté sur les autres par la richesse des plus beaux fruits; et c'est à eux qu'il est dit: «Vous serez assis sur douze trônes». Il en est cependant qui voient dans ce figuier la figure non de la synagogue, mais de la malice et de la perversité; leur interprétation ne diffère de la précédente qu'en ce qu'ils prennent le genre pour l'espèce.

Saint Grégoire le Grand
Le Seigneur est venu trois fois à ce figuier, parce qu'il a cherché le fruit que produirait le genre humain avant la loi, sous la loi, et sous la grâce, (en l'attendant, en l'avertissant, en le visitant). Et cependant il se plaint de ce que pendant trois années consécutives, il n'a point trouvé de fruit, parce que certains esprits dépravés n'ont pu être corrigés par la loi naturelle gravée dans leurs coeurs, ni instruits par les préceptes de la loi, ni convertis par les miracles de l'incarnation.

Saint Basile
C'est le propre de la divine miséricorde, de ne pas infliger de punitions sans avertir, mais de faire toujours précéder les menaces, pour rappeler à la pénitence. C'est ainsi qu'il avait fait pour les Ninivites, et qu'il fait encore ici en disant au vigneron: «Coupez-le»; il le presse par là d'en prendre soin, et il excite cette âme stérile à produire les fruits qu'il a droit d'exiger d'elle.

Plus de commentaires de Luc 13, 6-9.

 

 

  • Sacrosanctum Concilium 1

    Extrait de la Constitution Sacrosanctum Concilium

    SC 1. Puisque le saint Concile se propose de faire progresser la vie chrétienne de jour en jour chez les fidèles ; de mieux adapter aux nécessités de notre époque celles des institutions qui sont sujettes à des changements ; de favoriser tout ce qui peut contribuer à l'union de tous ceux qui croient au Christ, et de fortifier tout ce qui concourt à appeler tous les hommes dans le sein de l’Église, il estime qu'il lui revient à un titre particulier de veiller aussi à la restauration et au progrès de la liturgie.