Que dit l'Église ? — Ressources liturgiques - Association Sacrosanctum Concilium

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Que dit l'Église ?

Comment l’Église nous parle-t-elle des saints ? Comment régule-t-elle leur culte dans le calendrier liturgique et que nous apprend-elle d'eux ?

111. Selon la Tradition, les saints sont l'objet d'un culte dans l'Église, et l'on y vénère leurs reliques authentiques et leurs images. Les fêtes des saints proclament les merveilles du Christ chez ses serviteurs et offrent aux fidèles des exemples opportuns à imiter.

Pour que les fêtes des saints ne l'emportent pas sur les fêtes qui célèbrent les mystères sauveurs en eux-mêmes, le plus grand nombre d'entre elles seront laissées à la célébration de chaque église, nation ou famille religieuse particulière ; on n'étendra à l'Église universelle que les fêtes commémorant des saints qui présentent véritablement une importance universelle.

Chapitre VI, « La vénération des saints et des bienheureux ».

Quelques principes

208. Le culte des saints, et spécialement des martyrs, qui s’enracine dans la Sainte Écriture (cf. Ac 7, 54-60 ; Ap 6, 9-11 ; 7, 9-17) est un fait très ancien, qui est attesté avec certitude dans l’Église, depuis la première moitié du IIe siècle. L’Église, tant d’Occident que d’Orient, a toujours vénéré les Saints, et elle n’a pas hésité à défendre vigoureusement ce culte, en particulier à l’époque du protestantisme, face aux objections qui étaient présentées contre certains aspects traditionnels de cette dévotion ; elle a aussi mis en évidence les fondements théologiques de cette vénération, de même que son étroite connexion avec la doctrine de la foi ; enfin, elle a édicté des normes dans le but de réglementer le culte des saints, autant dans ses expressions liturgiques que populaires, et elle a souligné la valeur exemplaire du témoignage de ces remarquables disciples du Seigneur, hommes et femmes, dans le but d’inciter les fidèles à mener comme eux une vie chrétienne authentique.

209. La Constitution Sacrosanctum Concilium, dans le chapitre consacré à l’Année liturgique, met bien en évidence l’existence ainsi que la signification ecclésiale de la vénération des Saints et des Bienheureux: « L’Église a introduit dans le cycle annuel les mémoires des martyrs et des autres saints qui, élevés à la perfection par la grâce multiforme de Dieu et ayant déjà obtenu possession du salut éternel, chantent à Dieu dans le ciel une louange parfaite et intercèdent pour nous. Dans les anniversaires des saints, l’Église proclame le mystère pascal en ces saints qui ont souffert avec le Christ et sont glorifiés avec lui, et elle propose aux fidèles leurs exemples qui les attirent tous au Père par le Christ, et par leurs mérites elle obtient les bienfaits de Dieu ».

210. Une connaissance complète et adéquate de la doctrine de l’Église concernant les Saints n’est possible que dans le cadre plus vaste des articles de foi suivants :

- « l’Église est une, sainte, catholique et apostolique ». L’Église est « sainte », par la présence en elle de « Jésus-Christ qui, avec le Père et l’Esprit saint, est célébré comme le "seul saint" », grâce à l’action de l’Esprit de sainteté, et parce qu’elle est dotée des moyens de sanctification. Ainsi, l’Église, bien qu’elle soit composée d’hommes pécheurs, est « parée, déjà sur la terre, d’une sainteté encore imparfaite mais véritable »; elle est « le peuple saint de Dieu », dont les membres, selon le témoignage des Écritures, sont appelés des « saints » (cf. Ap 9, 13 ; 1 Co 6, 1; 16, 1).

- La « communion des saints »: l’Église du ciel, l’Église qui vit dans l’état dit du « Purgatoire », c’est-à-dire dans l’attente de la purification finale, et l’Église qui chemine sur la terre communient « dans la même charité envers Dieu et envers le prochain » ; de fait, tous ceux qui appartiennent au Christ, et qui ont reçu le même Esprit Saint, forment une seule Église, et sont tous unis dans le Christ.

- La doctrine de l’unique médiation du Christ (cf. 1 Tm 2, 5) : celle-ci n’exclut pas d’autres médiations subordonnées, mais ces dernières s’exercent toutefois à l’intérieur et en référence à la médiation du Christ.

211. La doctrine de l’Église et sa Liturgie présentent les Saints et les Bienheureux qui contemplent déjà « dans la lumière le Dieu Un et Trine ». Ils sont donc :

- des témoins historiques de la vocation universelle à la sainteté. La sainteté étant le fruit de la Rédemption accomplie par le Christ, les Saints et les Bienheureux sont donc la preuve vivante que Dieu appelle ses enfants à atteindre la plénitude de la stature du Christ, quels que soient leur époque, le peuple auquel ils appartiennent, les conditions socio-culturelles les plus variées, dans lesquelles ils vivent, et leurs divers états de vie (cf. Ep 4, 13 ; Col 1, 28) ;
- des disciples exemplaires du Seigneur et donc des modèles de vie évangélique ; ainsi, dans les procès de canonisation, l’Église reconnaît l’héroïcité de leur vertu et elle les propose donc à l’imitation des fidèles ;
- des citoyens de la Jérusalem céleste, qui chantent sans fin la gloire et la miséricorde de Dieu. En effet, ils sont déjà passés de ce monde au Père, en suivant le Christ dans sa Pâque ;
- des intercesseurs et des amis des fidèles durant leur pélerinage sur la terre : les Saints, tout en connaissant le bonheur éternel auprès de Dieu, ne sont pas indifférents aux peines de leurs frères et sœurs, et ils les accompagnent sur leur chemin par leur prière et leur protection ;
- des patrons des Églises locales, dont ils furent souvent les fondateurs (saint Eusèbe de Verceil) ou les Pasteurs illustres (saint Ambroise de Milan); des patrons des différentes nations : c’est-à-dire des apôtres de leur conversion à la foi chrétienne (saint Thomas, saint Barthélemy, pour l’Inde), ou des figures privilégiées de leur identité nationale (saint Patrick, pour l’Irlande) ; des patrons des corporations et des professions (saint Omobono, pour les tailleurs) ; des patrons et des protecteurs dans des circonstances particulières, comme au moment de l’enfantement (sainte Anne, saint Raymond Nonat), ou à l’heure de la mort (saint Joseph), et pour obtenir des grâces particulières (ainsi, sainte Lucie pour conserver la vue), etc.

Ce que l’Église confesse, elle en rend grâce à Dieu le Père, en proclamant : « dans la vie des Saints, tu nous procures un modèle, dans leur intercession un appui, et dans la communion avec eux une famille ».

212. Enfin, il convient de rappeler que le but ultime de la vénération des Saints est la gloire de Dieu et la sanctification de l’homme, grâce au témoignage de ces vies totalement conformes à la volonté divine, et par l’imitation des vertus de ceux qui furent d’éminents disciples du Seigneur.

De même, tant dans la catéchèse que dans les différentes rencontres organisées en vue de la transmission de la foi, il convient de montrer aux fidèles que la relation avec les Saints, si elle est conçue à la lumière de la foi, bien loin de diminuer « le culte d’adoration rendu à Dieu le Père par le Christ dans l’Esprit, l’enrichit au contraire plus glorieusement », et que « le culte authentique des saints ne consiste pas tant à multiplier les actes extérieurs, mais plutôt à pratiquer un amour fervent et effectif », qui se traduit dans le témoignage d’une vie chrétienne exemplaire.

Les Saints Anges

213. L’Église, dans son enseignement, présente, dans un langage clair et sobre, « l’existence des êtres spirituels et incorporels, que la Sainte Écriture appelle les Anges, comme une vérité de foi. À ce témoignage explicite de l’Écriture correspond l’unanimité de la Tradition ».

Selon l’Écriture Sainte, les Anges sont les messagers de Dieu, « invincibles porteurs de ses ordres, attentifs au son de sa parole » (Ps 103, 20), placés au service de son dessein de salut, « envoyés en service pour ceux qui doivent hériter du salut » (He 1, 14).

214. Les fidèles n’ignorent pas généralement les nombreux épisodes de l’Ancienne et de la Nouvelle alliance, dans lesquels les saints Anges manifestent leur présence. Ainsi, ils savent notamment que les Anges gardent les portes du paradis terrestre (cf Gn 3, 24), qu’ils sauvent Agar et son enfant Ismaël (cf. Gn 21, 17), qu’ils retiennent la main d’Abraham qui s’apprête à sacrifier Isaac (cf. Gn 22, 11), qu’ils annoncent des naissances prodigieuses (cf. Jg 13, 3-7), qu’ils gardent les pas du juste (cf. Ps 91, 11), qu’ils louent sans cesse le Seigneur (cf. Is 6, 1-4), et qu’ils présentent à Dieu les prières des Saints (cf. Ap 8, 3-4). Ils se souviennent aussi de l’Ange qui intervint en faveur du prophète Elie, en fuite et à bout de forces (cf. 1 R 19, 4-8), d’Azarias et de ses compagnons jetés dans la fournaise (cf. Dn 3, 49-50), de Daniel enfermé dans la fosse aux lions (cf. Dn 6, 23). Enfin, l’histoire de Tobie leur est familière: Raphaël « l’un des sept Anges qui se tiennent devant le Seigneur » (Tb 12, 15), rendit de nombreux services à Tobie, au jeune Tobie, son fils, et à Sara, la femme de ce dernier.

Les fidèles savent aussi que les anges sont présents dans un certain nombre d’épisodes de la vie de Jésus, où ils exercent une fonction particulière: ainsi, l’Ange Gabriel annonce à Marie qu’elle concevra et donnera naissance au Fils du Très-Haut (cf. Lc 1, 26-38), et, de même, un Ange révèle à Joseph l’origine surnaturelle de la maternité de la Vierge (cf. Mt 1, 18-25); les Anges annoncent aux bergers de Béthléem la joyeuse nouvelle de la naissance du Sauveur (cf. Lc 2, 8-14) ; « l’Ange du Seigneur » protège la vie de l’enfant Jésus menacée par Hérode (cf. Mt 2, 13-20) ; les Anges assistent Jésus pendant son séjour dans le désert (cf. Mt 4, 11) et ils le réconfortent durant son agonie  (cf. Lc 22, 43) ; enfin, ils annoncent aux femmes, qui se rendent au tombeau du Christ, que celui-ci est ressuscité » (cf. Mc 16, 1-8), et ils interviennent encore au moment de l’Ascension pour révéler aux disciples le sens de cet événement et pour annoncer que « Jésus... reviendra de la même manière que vous l’avez vu s’en aller vers le ciel » (Ac 1, 11).

Les fidèles comprennent l’importance de l’avertissement de Jésus de ne pas mépriser un seul des petits qui croient en lui, « parce que leurs Anges dans les cieux contemplent sans cesse la face de mon Père » (Mt 18, 10), ainsi que la parole réconfortante selon laquelle « il y a de la joie chez les Anges de Dieu pour un seul pécheur qui se convertit » (lc 15, 10). Enfin, les fidèles savent que « le Fils de l’homme viendra dans sa gloire, et tous les Anges avec lui » (Mt 25, 31) pour juger les vivants et les morts, et mettre un point final à l’histoire.

215. L’Église qui, à ses débuts, fut gardée et défendue par le ministère des Anges (Ac 5, 17-20; 12, 6-11) expérimente constamment la « protection mystérieuse et puissante » de ces esprits célestes, qu’elle vénère et dont elle sollicite l’intercession.

Au cours de l’Année liturgique, l’Église célèbre la participation des Anges aux événements du salut; elle consacre aussi à leur mémoire certains jours particuliers : le 29 septembre (fête des Archanges Michel, Gabriel et Raphaël) et le 2 octobre (mémoire des Anges Gardiens). L’Église célèbre encore en leur honneur une Messe votive, dont la préface proclame que « la gloire de Dieu resplendit dans les Anges » ; dans la célébration des mystères divins, elle s’associe au chant des Anges pour proclamer la gloire du Dieu trois fois saint (cf. Is. 6, 3) et elle sollicite leur aide pour porter l’offrande eucharistique « sur l’autel céleste, en présence de la gloire de Dieu » ; elle célèbre l’office de louange en leur présence (cf. Ps. 137, 1); elle confie les prières des fidèles au ministère des Anges (cf. ap. 5, 8; 8, 3), ainsi que la douleur des pénitents, et la défense des innocents contre les attaques du Malin; à la fin de chaque journée, elle implore Dieu d’envoyer ses anges pour garder ceux qui prient dans la paix ; elle prie les esprits célestes de venir en aide aux agonisants; et, au cours du rite des obsèques, elle supplie les Anges d’accompagner l’âme du défunt jusqu’au paradis et de garder son tombeau.

216. Tout au long des siècles, les fidèles ont exprimé leur foi dans le ministère des Anges en recourant à de nombreuses formes de piété : ainsi, ils ont choisi les Anges comme patrons des villes et protecteurs des corporations ; ils ont érigé en leur honneur des sanctuaires célèbres (le Mont-Saint-Michel en Normandie, Saint-Michel de Cluse dans le Piémont, et Saint-Michel du Mont-Gargan dans les Pouilles), et fixé des jours de fête; enfin, ils ont composé des hymnes et des pieux exercices.

La piété populaire a contribué, d’une manière particulière, au développement de la dévotion envers l’Ange Gardien. Saint Basile le Grand (+379) enseignait déjà que « chaque fidèle a, près de lui, un Ange qui le protège et le conduit sur le chemin qui mène à la vie éternelle ». Cette doctrine vénérable s’est peu à peu consolidée tout au long des siècles en se rattachant à des fondements bibliques et patristiques, et elle a donné naissance à des expressions variées de la piété populaire, jusqu’à l’œuvre de saint Bernard de Clairvaux (+ 1153), qui est considéré comme le grand docteur et l’apôtre éminent de la dévotion envers les Anges Gardiens. Pour saint Bernard, les Anges Gardiens sont la preuve que « le ciel ne néglige rien de ce qui peut nous être utile », c’est pourquoi il place « à nos côtés ces esprits célestes qui ont pour mission de nous protéger, de nous instruire et de nous guider ».

La dévotion envers les Anges Gardiens suscite aussi un style de vie qui est caractérisé par :

- l’action de grâces adressée à Dieu qui accepte de placer des esprits d’une si grande sainteté et dignité au service des hommes ;
- une attitude de droiture et de piété, suscitée par la conscience de vivre constamment en présence des saints Anges ;
- une confiance sereine dans les situations difficiles, inspirée par la conviction que le Seigneur guide et assiste le fidèle sur le chemin de la justice, en recourant en particulier au ministère des Anges.

Parmi les prières adressées à l’Ange Gardien, celle de l’Angele Dei est particulièrement répandue; dans de nombreuses familles, elle fait partie de la prière du matin et du soir, et, en de nombreux endroits, elle accompagne aussi la prière de l’Angelus Domini.

217. Les expressions de la piété populaire envers les saints Anges sont légitimes et bienfaisantes, mais elles peuvent donner lieu à des déviations, parmi lesquelles il convient de citer :

- l’erreur suivante peut progressivement s’immiscer dans l’âme de certains fidèles : le monde et la vie seraient soumis à des tensions démiurgiques, c’est-à-dire à la lutte incessante entre les bons esprits et les esprits mauvais, ou entre les Anges et les démons ; l’homme serait alors terrassé par des puissances supérieures contre lesquelles il ne pourrait rien faire. Une telle conception a pour effet d’affaiblir le sens de la responsabilité personnelle ; de plus, elle ne concorde pas avec l’enseignement authentique de l’Évangile à propos de la lutte contre le Malin ; l’Évangile exige, en effet, du disciple du Christ la droiture morale, l’engagement pour l’Évangile, l’humilité et la prière ;
- certains fidèles peuvent être tentés de considérer les événements de la vie quotidienne d’une manière schématique et simpliste, voire infantile, en rendant le Malin responsable de leurs difficultés, y compris les plus minimes, et, au contraire, en attribuant à l’Ange Gardien leurs succès et leurs réalisations positives; or, de telles interprétations n’ont aucun rapport, ou si peu, avec le véritable progrès spirituel de la personne qui consiste à rejoindre le Christ. Il faut aussi réprouver l’usage de donner aux Anges des noms particuliers, que la Sainte Écriture ignore, hormis ceux de Michel, Gabriel et Raphaël.

Saint Joseph

218. Dans sa sagesse providentielle, Dieu réalisa son plan de salut en assignant à Joseph de Nazareth, « homme juste » (cf. Mt 1, 19), et époux de la Vierge Marie (cf. Ibid. ; Lc 1, 27), une mission particulièrement importante: d’une part, introduire légalement Jésus dans la lignée de David de laquelle, selon la promesse des Écritures (cf. 2 S 7, 5-16 ; 1 Ch 17, 11-14), devait naître le Messie Sauveur, et, d’autre part, assumer la fonction de père et de gardien à l’égard de cet enfant.

En vertu de cette mission, saint Joseph est très présent dans les mystères de l’enfance du Sauveur: il reçut de Dieu la révélation de l’origine divine de la maternité de Marie (cf. Mt 1, 20-21), et il fut le témoin privilégié de la naissance de Jésus à Bethléem (cf. Lc 2, 6-7), de l’adoration des bergers (cf. Lc 2, 15-16) et de celle des Mages venus de l’Orient (cf. Mt 2, 11) ; il accomplit son devoir religieux à l’égard de l’Enfant en l’introduisant dans l’Alliance d’Abraham, lors de la circoncision (cf. Lc 2, 21), et en lui donnant le nom de Jésus (cf, Mt 1, 21) ; selon de la Loi, il présenta l’Enfant au Temple et le racheta en offrant le don des pauvres (cf. Lc 2, 22-24 ; Esd 13, 2.12-13) et, rempli d’étonnement, il entendit le cantique prophétique de Siméon (cf. Lc 2, 25-33); il protégea la Mère et le Fils durant la persécution d’Hérode en fuyant en Égypte (cf. Mt 2, 13-23) ; il se rendait chaque année à Jérusalem avec la Mère et l’Enfant pour la fête de la Pâque et il assista, avec effroi, à l’événement de la disparition de Jésus, âgé de 12 ans, qui était demeuré dans le Temple (cf. Lc 2, 43-50); il vécut dans la maison familiale de Nazareth, exerçant son autorité paternelle à l’égard de Jésus, qui lui était soumis (cf. Lc 2, 51), et il lui enseigna la Loi et son métier de charpentier.

219. Tout au long des siècles, et surtout à l’époque récente, la réflexion de l’Église a mis en évidence les vertus de saint Joseph, parmi lesquelles : la foi, qui, chez lui, se traduisait par une adhésion entière et courageuse au projet de salut de Dieu; l’obéissance inconditionnelle et silencieuse à la volonté de Dieu; l’amour et le respect fidèle de la Loi, la piété sincère et la force dans les épreuves; l’amour virginal dont il fit preuve à l’égard de la Vierge Marie, l’exercice assidu de ses devoirs de père de famille, et l’attrait pour une vie cachée et laborieuse.

220. La piété populaire met en valeur l’importance et l’universalité du patronage de saint Joseph, « à la vigilance duquel Dieu a voulu confier les débuts de notre rédemption » et « ses trésors les plus précieux ». Saint Joseph assume les patronages suivants: l’Église tout entière, que le bienheureux Pie IX a voulu placer sous la protection spéciale du saint Patriarche; les personnes qui se consacrent à Dieu en choisissant le célibat pour le Royaume des cieux (cf. Mt 19, 12): « ils ont en saint Joseph un exemple et un défenseur de leur virginité » ; les travailleurs et les artisans, dont le charpentier de Nazareth est le modèle exemplaire ; les agonisants, puisque, selon une pieuse tradition, saint Joseph fut assisté, au moment de sa mort, de Jésus et de Marie.

221. La Liturgie fait souvent référence à la figure et au rôle de saint Joseph dans les célébrations des mystères de la vie du Sauveur, en particulier celles qui concernent sa naissance et son enfance, c’est-à-dire durant le temps de l’Avent, celui de Noël, spécialement à l’occasion de la fête de la Sainte Famille, lors de la solennité du 19 mars et à l’occasion de la mémoire du 1 mai.

Le nom de saint Joseph est mentionné dans le Communicantes du Canon Romain et dans les Litanies des Saints. Les Prières pour les mourants suggèrent d’invoquer le saint Patriarche; de même, la communauté prie pour que l’âme du mourant, en quittant ce monde, soit introduite « dans la paix de la Jérusalem céleste avec la Vierge Marie, Mère de Dieu, saint Joseph, tous les Anges et les Saints ».

222. La vénération de saint Joseph occupe aussi une place importante dans la piété populaire : par exemple, dans des expressions diverses et nombreuses du folklore de certains peuples; dans la coutume, datant de la fin du XVIIe siècle, de considérer le mercredi comme un jour dédié à saint Joseph; à ce propos, il convient de noter que certains pieux exercices, comme les Sept mercredis, se rattachent à cette pieuse tradition. La dévotion des fidèles à l’égard de saint Joseph inspire aussi les pieuses invocations, que de nombreuses personnes aiment prononcer spontanément, de même que certaines formules de prières, comme celle qui fut composée par le pape Léon XIII : Ad te, beate Joseph, et qui est dite chaque jour par de nombreux fidèles, et aussi les Litanies de saint Joseph, approuvées par saint Pie X, et, enfin, le pieux exercice du chapelet des Sept angoisses et des sept joies de saint Joseph.

223. Des difficultés d’harmonisation entre la Liturgie et les expressions de la piété populaire peuvent surgir du fait que la solennité de saint Joseph (19 mars) est célébrée durant le Carême, qui est un temps liturgique tout entier consacré à la préparation des baptêmes et à la célébration de la Passion du Seigneur. Il est donc indispensable que les pratiques traditionnelles du « mois de saint Joseph » soient en syntonie avec le temps liturgique qui est célébré. De fait, le renouveau de la Liturgie a permis aux fidèles d’approfondir le véritable sens du temps liturgique du Carême. En adaptant les expressions de la piété populaire à cette exigence, il demeure néanmoins nécessaire de favoriser et de répandre la dévotion à l’égard de saint Joseph, en ayant constamment à l’esprit « l’exemple éminent [...], qui surpasse les états de vie particuliers et qui est proposé à la communauté chrétienne tout entière, quelles que soient les conditions de vie et les obligations des fidèles ».

Saint Jean Baptiste

224. À la jonction entre l’Ancien et le Nouveau Testament, se dresse la figure imposante de Jean, fils de Zacharie et d’Elisabeth, qui étaient tous les deux des « justes devant Dieu » (Lc 1, 6) ; il est l’un des plus grands personnages de l’histoire du salut. Alors qu’il était encore dans le sein de sa mère, Jean reconnut le Sauveur, lui aussi caché dans le sein de la Vierge Marie (cf. Lc 1, 39-45); sa naissance fut marquée par de grands prodiges (cf. Lc 1, 57-66) ; il grandit dans le désert en menant une vie austère et pénitente (cf. Lc 1, 80; Mt 3, 4) ; « prophète du Très-Haut » (Lc 1, 76), la parole de Dieu lui fut adressée (cf. Lc 3, 2) ; « il parcourut toute la région du Jourdain en proclamant un baptême de conversion pour le pardon des péchés » (Lc 3, 3) ; tel un nouvel Élie, humble et fort, il prépara le peuple à recevoir le Seigneur (cf. Lc 1, 17); conformément au dessein de Dieu, il baptisa, dans les eaux du Jourdain, le Sauveur du monde lui-même (cf. Mt 3, 13-16) ; il présenta Jésus à ses disciples en le désignant comme « l’Agneau de Dieu » (Jn 1, 29), le « Fils de Dieu » (Jn 1, 34) et l’Époux de la nouvelle communauté messianique (cf. Jn 3, 28-30) ; le témoignage courageux qu’il rendit à la vérité lui valut d’être emprisonné par Hérode, qui le fit décapiter (cf. Mc 6, 14-29); sa mort violente, tout comme auparavant sa naissance miraculeuse et sa prédication prophétique, firent de lui le précurseur du Seigneur. Jésus lui rendit un hommage incomparable en proclamant que « parmi les hommes, aucun n’est plus grand que Jean » (Lc, 7, 28).

225. Depuis les premiers siècles de l’Église, les fidèles célèbrent avec ferveur le culte de saint Jean Baptiste; il s’est même enrichi d’éléments provenant de la culture populaire. Outre la célébration de sa mort (le 29 août), au même titre que tous les autres saints, saint Jean Baptiste est le seul dont on célèbre aussi solennellement la naissance (24 juin), comme pour le Christ et la sainte Vierge Marie.

On peut constater que beaucoup de baptistères sont dédiés à saint Jean Baptiste, ce qui permet de souligner son rôle essentiel lors du baptême de Jésus; de même, de nombreuses fontaines baptismales évoquent sa figure en le représentant en train de baptiser. Son emprisonnement éprouvant et sa mort violente font aussi de lui le patron de ceux qui sont en prison, ainsi que des condamnés à mort, ou de ceux qui subissent de lourdes peines à cause de leur foi.

Il est très probable que la date de naissance de saint Jean Baptiste (24 juin) fut fixée en fonction de celle de la conception du Christ (25 mars), et de sa naissance (25 décembre): selon le signe donné par l’ange Gabriel au moment où Marie conçut le Sauveur, la mère du Précurseur était déjà enceinte depuis six mois (cf. Lc 1, 26. 36). Dans l’hémisphère nord, la solennité du 24 juin est aussi liée au cycle solaire. Elle se célèbre, en effet, au moment où le soleil, en se dirigeant vers le sud du zodiaque, commence à descendre à l’horizon : ce phénomène céleste est devenu le symbole de la figure de Jean Baptiste, qui, à propos du Christ et de lui-même, déclara: « Lui, il faut qu’il grandisse; et moi, que je diminue » (Jn 3, 30)

La mission de Jean, qui était venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité (cf. Jn 1, 7), a donné naissance à la coutume d’allumer des feux dans la nuit du 23 au 24 juin, et, là où cette tradition existait déjà, elle a permis de lui donner une signification chrétienne: de fait, l’Église bénit ces feux en priant pour que les fidèles passent des ténèbres du monde à la Lumière de Dieu qui ne s’éteindra jamais.

Le culte des Saints et des Bienheureux

226. Les rapports mutuels entre la Liturgie et la piété populaire, et leur influence réciproque, sont particulièrement importants dans le domaine spécifique du culte des Saints et des Bienheureux. Il paraît opportun de rappeler brièvement les principales formes de vénération prévues dans la Liturgie de l’Église: ces diverses dispositions sont destinées à éclairer et à guider les expressions de la piété populaire.

La célébration des Saints

227. La célébration d’une fête en l’honneur d’un Saint - et cela vaut aussi à leur propre niveau pour les Bienheureux - est sans aucun doute une expression éminente du culte de la communauté ecclésiale : elle inclut très souvent la célébration de l’Eucharistie. La détermination du « jour de fête » du Saint est une décision très importante sur le plan cultuel, mais elle est souvent complexe, parce qu’elle dépend de nombreux facteurs d’ordre historique, liturgique et culturel, qui ne sont pas faciles à harmoniser.

Dans l’Église de Rome et dans d’autres Églises locales, la célébration la plus ancienne fut celle de la mémoire des martyrs, le jour anniversaire de leur passion, qui marquait à la fois leur suprême identification au Christ et leur naissance au ciel ; elle fut suivie par la célébration du conditor Ecclesiae, c’est-à-dire les évêques qui avaient dirigé ces Églises et les autres confesseurs de la foi, ainsi que de la commémoration annuelle de la dédicace de l’église cathédrale. La multiplication de ces diverses célébrations rendirent nécessaire la constitution progressive des calendriers liturgiques locaux, où furent mentionnés la date et le lieu de la mort de chacun des Saints ou groupe de Saints.

Ces calendriers particuliers permirent d’élaborer des calendriers généraux, dont les plus célèbres sont le Martyrologe syriaque (Ve siècle), le Martyrologium Hieronimianum (VIe siècle), celui de saint Bède (VIIIe siècle), de Lyon (IXe siècle), de Usardo (IXe siècle) et d’Adone (IXe siècle).

Le 14 janvier 1584, Grégoire XIII promulgua l’édition typique du Martyrologium Romanum, destiné à l’usage liturgique. Jean-Paul II a promulgué la première édition typique du Martyrologe Romain, qui a été révisé à la suite du Concile Vatican II ; tout en se référant à la tradition romaine et en incorporant les données des différents martyrologes anciens les plus importants, cette édition typique rassemble les noms de très nombreux Saints et Bienheureux, et il constitue un témoignage extrêmement riche des multiples formes de sainteté que l’Esprit du Seigneur suscite dans l’Église à toutes les époques et en tous lieux.

228. Le Calendrier Romain est intimement lié à l’histoire du Martyrologe ; il a pour objet de mentionner le jour et le degré des célébrations en l’honneur des Saints. Conformément à la disposition du Concile Vatican II, le Calendrier Romain Général comprend seulement les mémoires des « saints qui présentent véritablement une importance universelle », en laissant aux calendriers particuliers, qu’ils soient nationaux, régionaux, diocésains ou des familles religieuses, le soin d’indiquer les mémoires des autres Saints.

Il est opportun de rappeler la raison pour laquelle le nombre des célébrations des Saints a été réduit, ainsi que la nécessité d’en tenir compte sur le plan pastoral: cette décision a été prise pour que « les fêtes des saints ne l’emportent pas sur les fêtes qui célèbrent les mystères du salut eux-mêmes ». Au cours des siècles, en effet, « la multiplication des fêtes, des vigiles et des octaves, ainsi que la complication progressive des diverses parties de l’année liturgique », avaient « souvent poussé les fidèles aux dévotions particulières, de telle sorte que leurs esprits ont été quelque peu détournés des mystères fondamentaux de notre rédemption ».

229. À partir de la réflexion sur les faits qui ont marqué l’origine, le développement et les différentes révisions du Calendrier Romain Général, il est possible de présenter les quelques orientations pastorales suivantes:

- il est nécessaire d’instruire les fidèles sur le lien existant entre les fêtes des Saints et la célébration du mystère du Christ. En effet, la raison d’être des fêtes des Saints est de mettre en lumière les réalisations concrètes du dessein de salut de Dieu, et de « proclamer les merveilles du Christ chez ses serviteurs » ; les fêtes des membres de l’Église, que sont les Saints, sont en réalité aussi des fêtes de la Tête de cette même Église, c’est-à-dire des fêtes du Christ ;
- il convient d’habituer les fidèles à discerner la valeur et la signification véritable des fêtes de ces Saints et de ces Saintes, dont la mission particulière a marqué l’histoire du salut, et qui ont vécu dans une relation étroite avec le Seigneur Jésus: on peut citer, en particulier, saint Jean Baptiste (24 juin), saint Joseph (19 mars), les saints Pierre et Paul (29 juin), les autres Apôtres et saint Évangélistes, sainte Marie Madeleine (22 juillet) et sainte Marthe de Béthanie (29 juillet), enfin saint Étienne (26 décembre) ;
- il convient d’encourager les fidèles à célébrer en priorité les Saints qui, dans l’Église particulière, sont considérés comme les plus importants: par exemple, les Patrons ou ceux qui, les premiers, ont annoncé la Bonne Nouvelle à la communauté des origines ;
- enfin, il est utile d’enseigner aux fidèles le critère d’ « universalité », qui caractérise les Saints inscrits dans le Calendrier Général, ainsi que le sens du degré de leur célébration liturgique: solennité, fête et mémoire (obligatoire ou facultative).

Le jour de la fête

230. Le jour de la fête du saint revêt une grande importance tant du point de vue de la Liturgie que de la piété populaire. Dans un laps de temps très bref, de nombreuses expressions cultuelles de nature liturgique ou populaire concourent à donner une physionomie propre à ce « jour du Saint », ce qui ne va pas sans poser des difficultés, voire des risques de conflits.

Les divergences éventuelles doivent être résolues à la lumière des normes du Missel Romain et du Calendrier Romain Général concernant les degrés de célébrations des Saints et des Bienheureux, qui sont fixées en fonction de leur relation avec la communauté chrétienne (Patron principal du lieu, Titulaire de l’Église, Fondateur ou Patron principal d’une famille religieuse). Il faut aussi tenir compte du transfert éventuel de la fête du Saint au dimanche suivant, et des dispositions concernant la célébration des fêtes des Saints durant certains temps particuliers de l’Année liturgique.

Ces normes doivent être observées, non seulement à cause de l’obéissance due à l’autorité liturgique du Saint-Siège, mais aussi et surtout pour les raisons qui justifient l’existence même de ces dispositions: le respect envers le mystère du Christ et la cohérence avec l’esprit de la Liturgie.

n particulier, il est nécessaire d’éviter que les raisons qui ont justifié le déplacement de dates de certaines fêtes de Saints ou de Bienheureux - par exemple, du Carême au Temps ordinaire - ne soient pas suivies d’effet dans la pratique pastorale: ainsi, le fait de célébrer la fête liturgique d’un Saint en se conformant à la nouvelle date, tout en continuant de la célébrer à l’ancienne date dans le cadre de la piété populaire, a pour conséquence de rompre gravement l’harmonie entre la Liturgie et la piété populaire, et, surtout, elle donne lieu à une répétition inutile de la même célébration, tout en générant chez les fidèles la confusion et le désarroi.

231. Il est nécessaire que la fête du Saint soit préparée, puis célébrée avec beaucoup de soin, tant du point de vue liturgique que pastoral.

Cette exigence comporte avant tout une présentation adéquate de la finalité pastorale du culte des Saints, qui est totalement destiné à célébrer la gloire de Dieu, « admirable dans ses Saints », et aussi à encourager les fidèles à conformer leur vie à l’enseignement et à l’exemple du Christ, en imitant les Saints, qui sont les membres éminents de son Corps mystique.

De plus, il est nécessaire que la figure du Saint soit présentée d’une manière appropriée. De fait, en se plaçant dans la perspective de la conception très juste qui prévaut à notre époque, il convient qu’une telle présentation ne se base pas tant sur des faits légendaires, qui entourent parfois la vie du Saint, ni sur ses qualités de thaumaturge, que sur la valeur de sa personnalité chrétienne, la grandeur de sa sainteté et l’efficacité de son témoignage évangélique, ainsi que sur le charisme personnel grâce auquel il a enrichi la vie de l’Église.

232. Le « jour du Saint » a aussi une grande valeur anthropologique: c’est un jour de fête. Et il est notoire que la fête répond à une nécessité vitale de l’homme, et qu’elle se fonde ultimement sur son aspiration à la transcendance. Par ses manifestations empreintes de joie et de gaieté, la fête affirme la valeur de la vie et de la création. En rompant avec la monotonie de la vie quotidienne et avec certaines formes de vie trop conventionnelles, en libérant aussi momentanément les fidèles de leur asservissement à l’égard de trop nombreuses contraintes matérielles, la fête exprime à la fois la recherche d’une liberté sans entraves, l’aspiration à un bonheur parfait et l’exaltation de la pure gratuité. Sur le plan culturel, la fête met en évidence le génie particulier d’un peuple, c’est-à-dire les valeurs qui le caractérisent et le distinguent des autres peuples, et les expressions les plus réussies de sa propre culture, y compris de son folklore. La fête est aussi un moyen de socialisation qui permet d’étendre le cercle de ses amis, et d’ouvrir ses relations de voisinage à de nouveaux membres de la communauté.

233. Divers facteurs menacent la qualité de la « fête du Saint » tant du point de vue religieux qu’anthropologique :

Du point de vue religieux, il peut arriver que la "fête du Saint", appelée "fête patronale" dans le cadre de la paroisse, soit progressivement vidée du contenu spécifiquement chrétien qui était le sien à l’origine - et qui consistait à honorer le Christ dans l’un de ses membres -, et qu’elle devienne surtout une manifestation sociale ou folklorique, et, dans le meilleur des cas, une occasion privilégiée de rencontre et de dialogue entre les membres d’une même communauté.

Du point de vue anthropologique, il convient de noter qu’il n’est pas rare que des groupes ou des personnes, en croyant « faire la fête », se détachent en réalité du véritable sens de cette expression en raison de leurs comportements. En effet, la fête est la participation de l’homme à la domination de Dieu sur la création et à son « repos » actif, qui est toute autre chose qu’une oisiveté stérile; elle est aussi la manifestation d’une joie simple et communicative, et non la la soif démesurée d’un plaisir égoïste ; enfin, elle est l’expression d’une vraie liberté, et non la recherche de formes de divertissement ambiguës, qui génèrent elles-mêmes sournoisement de nouvelles formes d’esclavage. On peut donc affirmer avec certitude que la transgression des normes éthiques, non seulement contredit la loi du Seigneur, mais encore constitue une blessure à la signification anthropologique de la fête.

Au cours de la célébration de l’Eucharistie

234. Le jour de la fête d’un Saint ou d’un Bienheureux n’est pas l’unique forme de présence de ces derniers dans le cadre de la Liturgie. De fait, la célébration de l’Eucharistie constitue un moment privilégié de communion avec les Saints du ciel.

Dans le cadre de la Liturgie de la Parole, les lectures de l’Ancien Testament présentent souvent les figures des grands patriarches, des prophètes et d’autres personnes réputées pour leur vertu et pour leur attachement à la Loi du Seigneur. De leur côté, les lectures du Nouveau Testament évoquent souvent les Apôtres et les autres Saints et Saintes qui vécurent dans une relation de proximité et d’amitié avec le Seigneur. En outre, les vies de certains Saints constituent des illustrations tellement lumineuses des pages de l’Évangile, qu’il suffit de proclamer ces quelques passages pour évoquer leurs figures.

Les rapports constants entre la Sainte Écriture et l’hagiographie chrétienne ont donné lieu, dans le contexte de la célébration eucharistique, à la formation d’un ensemble de Communs, dans lesquels sont proposés des passages de la Bible qui illustrent les divers aspects de la vie des Saints. À propos de la relation étroite entre la Sainte Écriture et la vie des Saints, on peut observer encore que la Sainte Écriture oriente et jalonne le chemin des Saints vers la plénitude de la charité, et qu’ils sont donc, chacun pour leur part, des commentateurs vivants de la Parole de Dieu.

Les Saints sont mentionnés à divers moments de la Liturgie eucharistique. Durant l’offrande du Sacrifice, il est fait mémoire des « présents d’Abel le Juste, du sacrifice de notre père dans la foi, Abraham, et de l’oblation pure et sainte que t’offrit Melchisédech, ton grand prêtre ». De fait, la Prière eucharistique constitue un moment privilégié et unique pour exprimer notre communion avec les Saints; elle permet, en effet, de vénérer leur mémoire et de solliciter leur intercession, puisque « dans la communion de toute l’Église, nous voulons nommer et honorer en premier lieu la bienheureuse Marie toujours Vierge, Mère de notre Dieu et Seigneur Jésus Christ, saint Joseph, son époux, les saints Apôtres et martyrs: Pierre et Paul, André [...] et tous les saints ; accorde-nous, par leur prière et leurs mérites, d’être toujours et partout, forts de ton secours et de ta protection ».

Dans les Litanies des Saints

235. Au cours de certaines grandes célébrations des sacrements, et à d’autres moments où la prière de l’Église se fait plus instante, celle-ci invoque les Saints par le chant simple et populaire des Litanies des Saints, dont l’existence est attestée depuis le début du VIIe siècle. La prière des Litanies est prévue, en particulier, lors de la Vigile pascale, avant la bénédiction de l’eau baptismale, et aussi au cours de la célébration du baptême et des ordinations à l’ordre sacré de l’épiscopat, du presbytérat et du diaconat, de même que dans le rite de la consécration des vierges et de la profession religieuse, dans le rite de la dédicace d’une église et d’un autel, au cours des rogations, durant les messes comportant des stations et durant les processions pénitentielles, pour ordonner au Malin de s’éloigner dans le cadre des exorcismes, et enfin pour recommander les agonisants à la miséricorde de Dieu.

Les Litanies des Saints, qui contiennent des éléments provenant à la fois de la tradition liturgique et de la piété populaire, illustrent la confiance de l’Église dans l’intercession des Saints, et elles mettent en valeur son expérience de la communion qui unit l’Église de la Jérusalem céleste et l’Église qui est encore en pèlerinage sur la terre. Il est permis d’invoquer, dans les Litanies des Saints, les noms de ceux qui sont inscrits dans les Calendriers liturgiques des diocèses et des Instituts religieux. Il est évident qu’il est interdit d’insérer dans les Litanies les noms de personnes, dont le culte n’est pas reconnu.

Les reliques des Saints

236. Le Concile Vatican II rappelle que « selon la Tradition, les saints sont l’objet d’un culte dans l’Église, et l’on y vénère leurs reliques authentiques et leurs images ». L’expression « reliques des Saints » indique surtout les corps - ou des éléments significatifs de ces corps - de tous ceux qui, par la sainteté héroïque de leur vie, se révélèrent sur cette terre des membres éminents du Corps mystique du Christ et des temples vivants de l’Esprit Saint (cf. 1 Co 3, 16 ; 6, 19; 2 Co 6, 16). De plus, les objets qui ont appartenu aux Saints sont aussi considérés comme des reliques : il s’agit des objets personnels, des vêtements, des lettres, et des objets qui ont été mis en contact avec leurs corps ou leurs tombeaux (huiles, morceaux d’étoffe (brandea)), et aussi des objets qui ont touché les images vénérées du Saint.

237. Le Missel Romain renové recommande de « garder l’usage de déposer sous l’autel à consacrer des reliques de saints, même non martyrs ». Cette place des reliques, par rapport à l’autel, indique donc que le sacrifice des membres de l’Église a pour origine et prend tout son sens, à partir de l’unique sacrifice de la Tête de cette même Église; de plus, les reliques expriment symboliquement la communion de toute l’Église à l’unique sacrifice du Christ, et donc la mission qui est confiée à cette Église de témoigner, même au prix du sang, de sa fidélité à son Époux et Seigneur.

Cette expression éminemment liturgique du culte des reliques n’est pas la seule ; en effet, la piété populaire en comprend bien d’autres. Il est vrai néanmoins que les fidèles aiment vénérer les reliques. Il est donc nécessaire de mettre en place une pastorale, qui soit capable de promouvoir le véritable sens du culte des reliques; il s’agit, en effet :

- de s’assurer de leur authenticité; lorsqu’un doute subsiste, il convient de soustraire les reliques à la vénération des fidèles, en agissant avec la prudence pastorale requise dans ce genre de situation ;
- d’empêcher la division excessive des reliques, qui ne respecte pas la dignité du corps humain; les normes liturgiques prévoient, en effet, que les reliques doivent être « assez grandes pour qu’on puisse comprendre qu’elles sont les restes de corps humains » ;
- d’exhorter les fidèles de ne pas se laisser gagner par la manie de collectionner des reliques; il est arrivé que, dans le passé, on ait à déplorer les conséquences déplorables de ce genre d’habitudes ;
- de veiller au bon usage des reliques, afin d’éviter tout risque de fraudes, toute forme de trafic, et toute autre avilissement du culte en superstition.

Les différent actes de la dévotion populaire envers les reliques des Saints doivent être accomplis avec une grande dignité, et dans un climat de foi authentique. Parmi les principales expressions de la piété populaire, on peut citer le fait d’embrasser les reliques, de les illuminer et de les orner de fleurs, de les employer pour bénir ou de les porter en procession, et aussi de les apporter aux malades pour les réconforter et mettre ainsi en valeur leur demande de guérison. Il faut éviter dans les tous les cas d’exposer des reliques sur la table de l’autel, car celle-ci est réservée au Corps et au Sang du roi des martyrs.

 

 

 

  • Sacrosanctum Concilium 100

    Extrait de la Constitution Sacrosanctum Concilium

    Participation des fidèles.

    SC 100. Les pasteurs veilleront à ce que les Heures principales, surtout les vêpres, les dimanches et jours de fêtes solennelles, soient célébrées en commun dans l'église. On recommande aux laïcs eux-mêmes la récitation de l'office divin, soit avec les prêtres, soit lorsqu'ils sont réunis entre eux, voire individuellement.