22 février : Chaire de Saint Pierre, Apôtre
Fête
La fête de la chaire de St Pierre fait partie de la série des fêtes d’apôtres qui ponctuent l’année liturgique. La liturgie fait ainsi mémoire de ceux qui sont été appelés par le Christ (Mt 10, 1-4) et qui sont considérés comme les colonnes de l’Église. Cette fête est connue à Rome dès le milieu du IVe siècle. (Natale Petri de cathedra dans la Depositio martyrum de 354). Elle sera reçue en Afrique, en Gaule et en Espagne où elle est attestée dès le VIe siècle.
La chaire de l’Apôtre
Par le mot « chaire » (cathedra en latin), on désigne le siège de l’évêque, symbole de son rôle de pasteur et docteur dans une Église diocésaine. C’est ce mot qui a donné également le terme de « cathédrale » pour désigner l’église mère d’un diocèse, en tant que lieu où se trouve le siège de l’évêque. La fête de la chaire de St Pierre est donc associée à la charge d’évêque de Rome dont Pierre est considéré comme le premier évêque.
Dans la basilique Saint-Pierre de Rome, édifiée sur le tombeau de l’apôtre, on vénère comme relique, un siège de bois daté du IXe siècle, mais considéré comme symbole de l'autorité de l'évêque de Rome, successeur de l’apôtre Pierre.
La tombe de l’apôtre – surmontée de l’autel et du baldaquin du Bernin - constitue le cœur de la basilique Vaticane et des fouilles menées à l’époque moderne ont confirmé l’authenticité des traditions concernant l’ensevelissement de Pierre en ce lieu après son martyre.
Dans l’histoire : deux fêtes
Dans le passé, outre la fête des apôtres Pierre et Paul au 29 juin, le calendrier liturgique a toutefois comporté non pas une seule, mais deux fêtes de la chaire de St Pierre, l’une au 22 février d’origine romaine et l’autre au 18 janvier, dont les historiens estiment qu’elle trouve son origine en Gaule.
Ce dossier historique est complexe et la signification de ces deux fêtes a probablement évolué au cours du temps. Mais à travers elles, l’Église a gardé la mémoire de l’apôtre Pierre non seulement comme premier évêque de Rome, mais aussi comme premier chef de l’Église d’Antioche. C’est en effet dans cette ville d’Antioche comme l’indiquent les Actes des apôtres que l’une des premières communautés des disciples du Christ s’est constituée, et que le mot de « chrétien » a été forgé pour désigner les disciples de Jésus (Ac 11,26).
Ignace, l’évêque d’Antioche au début du IIe siècle (mort martyr en 107) est considéré par la tradition comme le deuxième successeur de Pierre sur le siège d’Antioche. Sa Lettre aux Romains constitue un témoignage du rôle que Pierre et Paul ont joué à Rome en tant que responsables des communautés de la capitale de l’empire.
Pour éviter les doublets et pour souligner aussi la fête de la Conversion de St Paul au 25 janvier, la réforme liturgique de Vatican II a choisi de fixer au 22 février cette fête de l’apôtre.
Sens de la fête
Selon la notice du Missel : « La chaire d’un évêque, qui se dresse dans sa cathédrale, est le signe de son autorité de docteur, de souverain prêtre et de pasteur. La Chaire de saint Pierre rappelle la mission que le Christ a confiée à son apôtre. Pierre est le garant infaillible de la foi de ses frères ; la foi de Pierre est le rocher sur lequel le Seigneur a bâti son Église » (Missel romain, 2021, Mame-Desclée, p. 640, avec l'autorisation @AELF).
Cette fête prend appui sur le témoignage des Écritures concernant le rôle de Pierre dans le collège des douze et à l’égard de l’Église :
Jésus leur demanda : « Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ? » Alors Simon-Pierre prit la parole et dit : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant ! »
Prenant la parole à son tour, Jésus lui dit : « Heureux es-tu, Simon fils de Yonas : ce n’est pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela, mais mon Père qui est aux cieux. Et moi, je te le déclare : Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église ; et la puissance de la Mort ne l’emportera pas sur elle. Je te donnerai les clés du royaume des Cieux : tout ce que tu auras lié sur la terre sera lié dans les cieux, et tout ce que tu auras délié sur la terre sera délié dans les cieux. » (Mt 16, 15-19, Évangile de la messe de la fête).
Pour les lectures de la messe et les offices des heures, voir sur le site de l'AELF (Association Épiscopale Liturgique pour les pays Francophones)
Musique et art
La tradition musicale a exalté cette dévotion envers Simon, l’apôtre auquel Jésus donna le nom de Pierre (Kephas) en particulier par l’antienne Tu es Petrus, dont le chant accompagne certaines célébrations pontificales.
Tu es Petrus
Et super hanc petram aedificabo ecclesiam meam
Et portae inferi non praevalebunt adversus eam.
Et tibi dabo claves regni caelorum.
Cette antienne a été mise en musique par de nombreux compositeurs notamment Palestrina (1525-1594) ou Gabriel Fauré (1845-1924).
Bibliographie
- Paul-Albert Février, « Natale Petri de cathedra », Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres 121, 1977/3, 514-531, en ligne
- Pierre Jounel, « Cathedra sancti Petri », dans P. Jounel, Le culte des saints dans les basiliques du Latran et du Vatican au douzième siècle, Rome, École française de Rome, « Collection de l’École française de Rome », 26, 1977, p. 225-226.