Problématique générale de la traduction des textes liturgiques — Ressources liturgiques - Association Sacrosanctum Concilium

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Problématique générale de la traduction des textes liturgiques

Comme toute oeuvre de traduction, la traduction des textes du magistère, et spécialement celle des textes liturgiques, pose de nombreux problèmes. Passer du latin à une langue "vernaculaire" n'est pas toujours chose aisée, et de nombreux textes du Siège romain sont venus organiser et encadrer ce travail.

"Après les deux dossiers précédents dans notre revue portant sur la réception du missel romain issu de Vatican II dans diverses cultures, avec les adaptations nécessaires pour favoriser l'inculturation de l'Évangile, il nous est apparu comme une évidence qu'il fallait marquer le 50e anniversaire de la constitution apostolique Missale romanum par laquelle le pape Paul VI promulgua (le 3 avril 1969) le Missel romain restauré du IIème concile œcuménique du Vatican. D'abord parce que ce Missel constitue la marque essentielle et la pierre d'angle de la réforme liturgique instaurée par le Concile. Mais aussi, et surtout, pour honorer et rendre justice à l'immense travail qui a été accompli, non seulement pour l'élaboration de l'editio typica, mais également dans le processus de traduction en langue vernaculaire. Ce travail considérable de traduction, donc d'adaptation, cherchant toutefois à valoriser l'unité substantielle du rite romain demandée par Sacrosanctum concilium 38, a été mené en français par de grands serviteurs de l'Église (évêques, prêtres, religieux, laïcs), par des théologiens, des liturgistes, des latinistes et des poètes, qui se sont appuyés sur des expérimentations, des analyses et des études approfondies.Il va de soi que l'on trouverait des processus semblables dans les autres aires linguistiques.Mais nous pouvons témoigner combien ce travail fut intense dans le domaine francophone. Certes, certains points ont été plus ou moins bien reçus ou demande à être améliorés - et nous attendons avec une certaine impatience la prochaine et troisième édition du missel en français. Mais on reste impressionné par l'ampleur, le sérieux et la dimension ecclésiale (synodale, pourrait-on dire) du travail accompli pour le Missel de 1970 dont le prochain sera lragement l'héritier.

Le travail effectué est d'autant plus remarquable que le passage d'une langue avec la culture qu'elle véhicule, à une autre langue est un processus délicat et complexe. Les différentes instructions romaines successives pour tenter de réguler le processus de traduction en sont la preuve, y compris parfois dans leur contradiction. Et il a fallu le motu proprio Magnum principium de 2017 - dernier document magistériel sur le sujet - pour redéfinir précisément la responsabilité des Conférences des évêques : "l'important principe (magnum principium) confirmé par le concile œcuménique Vatican II, selon lequel la prière liturgique rendue accessible au peuple devait être compréhensible dans sa langue, a fait porter aux évêques la lourde responsabilité d'introduire la langue vernaculaire dans la liturgie et de préparer et approuver les différentes traductions des livres liturgiques". Traductions qui doivent concilier l'unité du rite romain avec le bien des fidèles et leur accès à la liturgie de l'Église pour favoriser une juste participation, consciente et active."

(Extrait du liminaire au n° 297 de LMD "Le travail de traduction du Missel de 1970. Le cinquantième anniversaire de Missale romanum". LMD 297 2019/3.

Table des matières de LMD 297.

  • Hélène Bricout : La traduction des préfaces du Missel romain en français (1964-1971).
  • Gianfanco Venturi : Les principes de la traduction du Missel de 1970 : apport, influence et enjeux de l'Instruction "Comme le prévoit".
  • Silvia Tarantelli : Le motu proprio Magnum principium : un rééquilibrage.
  • Patrick Prétot : Les cinquantes ans du Missel romain de Paul VI. Retour sur un moment liturgique décisif.

Ci-dessous les résumés de ces quatre articles.

La traduction des préfaces du Missel romain en français (1946-1971). Hélène Bricout.

Les traductions en langue vernaculaire de toutes les prières du missel romain en langue française on fait l'objet d'un travail intense, mené avec prudence et compétence, de manière ecclésiale grâce aux consultations et expérimentations avant décisions collégiales. Cet article montre bien pour la traduction en français des préfaces à partir d'une étude des archives de l'Église de France. En trois vagues successives de travail : 19641965 pour les premières préfaces ; 1968 pour les huit nouvelles préfaces publiées par les autorités romaines ; 1969 -1970 pour l'ensemble des préfaces de l'editio typica latine du Missale romanum promulgué par le pape Paul VI. L'examen des documents d'archives montrent l'ampleur des discussions, en particulier pour la traduction de l'incipit et de la conclusion de ces préfaces. Il souligne la qualité du discernement effectué, des arguments avancés, à la fois d'un point de vue dogmatique, ecclésiologique, liturgiques, historique et littéraire, mais aussi - et peut-être surtout - concrètement selon l'acte de célébrer la liturgie du peuple de Dieu. On mesure ainsi combien les choix effectués tiennent au génie propre de la langue parlée et à une juste appréciation de la langue latine telle qu'elle est pratiquée dans l'euchologie de l'Église, et plus particulièrement au XXe siècle.

 Les principes de la traduction du Missel de 1970 : apport, influence et enjeux de l'Instruction "Comme le prévoit". Gianfranco Venturi.

La traduction du Missel romain en langue vernaculaire a été une entreprise difficile, ne serait-ce que par ce que ces langues vivantes s'opposent à une langue sacrée qui par nature est figée. De plus cette opération s'est faite à un moment où s'était développées les études en traductologie mettant en valeur, avec ses aspects fondamentaux, ses risques et difficultés.D'autant que les Conférences épiscopales n'étaient pas vraiment en mesure d'assumer les charges que leur confiait Sacrosanctum concilium n° 36. Ainsi, un premier Motu proprio Sacram liturgiam (25 janvier 1964) indiquait une mise en œuvre très progressive du passage à la langue du pays, et les premières dispositions étaient données par l'instruction Inter œcumenici du 26 septembre 1964.Devant ces difficultés, le Consilium chargé de l'application de la Constitution sur la liturgie, organisa un congrès très suivi du 9 au 13 novembre 1965 qui devait permettre d'entreprendre le travail sur de bonnes bases.C'est sur ces bases que fut publié le 25 janvier 1969 l'instruction Comme le prévoit qui fixait des règles pour les Conférences épiscopales, tenant dans un subtil équilibre à la fois le respect du texte original latin et la prise en compte des destinataires dans leur langue pour favoriser la communion du peuple dans la liturgie de l'Église. Le travail réalisé a permis une certaine créativité, mais ce chemin était rempli d'obstacles et il fut davantage limité dans les décennies suivantes.

 Le motu proprio Magnum principium : un rééquilibrage. Silvia Tarantelli.

Les difficultés rencontrées ces dernières années entre les Conférences épiscopales et le Siège apostolique à propos de l'édition des livres liturgiques et des questions de traduction demandaient une clarification. C'est ce qu'opère le motu proprio du pape François Magnum principium du 3 septembre 2018. En effet, la Ve instruction Liturgiam authenticam du 28 mars 2001 avait défini de nouveaux principes pour la traduction des livres liturgiques en langue vernaculaire, insistant sur la nécessité de traduire avec exactitude et de manière littérale le depositum fidei, au risque d'empêcher les fidèles d'entrer dans l'intelligence du mystère par l'action célébrée. De plus, cette dernière limitait considérablement les compétences des Conférences épiscopales vis-à-vis du Siège apostolique.Le motu proprio du pape François vient réaffirmer le principe majeur de la participation intégrale du peuple de Dieu aux actions liturgiques, y compris dans son intelligibilité, en assouplissant les règles de traduction. Pour ce faire, il modifie le canon 838 qui avait omis de reprendre la distinction très claire faite après Sacrosactum concilium, dans la Ière instruction, préférant les termes approbatio seu confirmatio au terme de recognitio afin de souligner la force décisionnelle première des Conférences épiscopales et "favorisant ainsi dans les faits une meilleure collaboration, plus saine et plus efficace, entre la Curie romaine et les épiscopales locaux". Ainsi, désormais, les Conférences épiscopales sont invitées à prendre en compte la dimension communicative des textes liturgiques, ce qui nécessite des traductions contextualisées, tenant compte de ceux qui en sont les sujets et de la double finalité de cette communication, à la fois "annonce du salut et expression de la prière adressée à Dieu". N'oublions pas que la parole se fait rituelle dans la liturgie, c'est-à-dire ouverture à l'invisible par des signes visibles, et plus encore, permet aux fidèles de faire l'expression d'un véritable dialogue avec Dieu.

Les cinquantes ans du Missel romain de Paul VI. Retour sur un moment liturgique décisif. Patrick Prétot.

À l'occasion du 50e anniversaire de la publication du missel de 1970, l'article propose un travail de mémoire en se centrant sur la relecture d'articles de revues publiées dans les années 1967-1970 alors que le Consilium préparait un nouvel Ordo Missae qui apparaît comme la "pièce maîtresse"de la réforme liturgique demandée par le concile Vatican II.

Les débats sur cette révision du Missel romain ont parfois perdu de vue ce qui a motivé en profondeur les Pères conciliaires. Les fruits d'un Missel dans la vie de l'église sont des dons de Dieu, des dons qui se manifestent dans la vie des chrétiens qui participent pleinement à la célébration. Ce don n'est pas mesuré par la qualité de la vie liturgique ; mais la qualité de l'engagement dans la vie liturgique offre à Dieu l'occasion d'actualiser le don qu'il a fait à l'humanité dans la Pâque de son fils Jésus-Christ. C'est dans la longue durée, par un processus patient de réception spirituelle, d'imprégnation en profondeur et vécue dans la foi, que se manifeste la vérité non d'une réforme comme telle, mais d'une quête de vie intérieure, que la révision d'un livre liturgique insigne comme le Missel, à chercher à promouvoir.

 

 

  • Sacrosanctum Concilium 56

    Extrait de la Constitution Sacrosanctum Concilium

    Unité de la messe.

    SC 56. Les deux parties qui constituent en quelque sorte la messe, c'est-à-dire la liturgie de la parole et la liturgie eucharistique, sont si étroitement unies entre elles qu'elles constituent un seul acte de culte. Aussi, le saint Concile exhorte-t-il vivement les pasteurs à enseigner activement aux fidèles, dans la catéchèse, qu'il faut participer à la messe entière, surtout les dimanches et jours de fête de précepte.