Dans les textes antérieurs à Sacrosanctum Concilium
- Encyclique Mediator Dei (Pie XII 20 novembre 1947).
Au chapitre I. Introduction.
I. IV. Progrès et développement de la liturgie.
[Éléments divins et éléments humains de la liturgie.]
Développement de certains éléments humains.
Il y eut, certes, bien des causes au progrès et au développement de la liturgie sacrée tout au long de la glorieuse vie de l’Église.
a) Dû à une formulation doctrinale plus précise.
b) Dû à des modifications disciplinaires.
c) Dû aussi à des pratiques de piété extra-liturgiques.
d) Dû encore au développement des beaux-arts.
Et il est facile de comprendre que le développement des beaux-arts, surtout de l’architecture, de la peinture et de la musique, influa considérablement sur la détermination et les formes variées que reçurent les éléments extérieurs de la liturgie sacrée.
L’Église a usé de ce même droit sur les choses liturgiques pour défendre la sainteté du culte divin contre les abus introduits avec témérité et imprudence par des personnes privées et des Églises particulières. Et c’est ainsi que, au XVIe siècle, les usages et coutumes de ce genre s’étant accrus à l’excès, et les initiatives privées en ces matières menaçant l’intégrité de la foi et de la piété pour le plus grand profit des hérétiques et de la propagation de leurs erreurs, Notre prédécesseur d’immortelle mémoire Sixte-Quint établit en l’année 1588 la Sacrée Congrégation des Rites, afin de défendre les rites légitimes de l’Église et d’en écarter tout ce qui aurait été introduit d’impur [49], à cette institution, de nos jours encore, il appartient, de par la fonction qui lui est dévolue, d’ordonner et décréter tout ce qui concerne la liturgie sacrée [50].
[49] Const. Immensa, du 22 janvier 1588.
[50] C. I. C., can. 253.
Au chapitre IV. Directives pastorales.
IV. II. Esprit liturgique et apostolat liturgique.
[Obéissance aux dispositions de l’Église.]
Beauté des édifices sacrés et des sanctuaires.
Nous désirons et Nous recommandons chaudement, encore une fois, la beauté des édifices sacrés et des sanctuaires. Que chacun fasse sienne cette parole inspirée : « Le zèle de ta maison m’a dévoré » [170] ; et qu’il s’ingénie de son mieux pour qu’aussi bien dans les édifices cultuels que dans les vêtements et ornements liturgiques, sans toutefois faire parade d’un luxe excessif, chaque chose soit adaptée et de bon goût, comme étant consacrée à la Majesté divine. Si, déjà, Nous avons réprouvé, plus haut, la façon d’agir incorrecte de ceux qui, sous prétexte de retour à l’antiquité, veulent expulser des temples les images sacrées, Nous pensons que c’est ici Notre devoir de reprendre la piété mal comprise de ceux qui, dans les églises et même sur les autels, offrent sans juste motif à la vénération des fidèles une multitude d’images et de statues ; de ceux qui exposent des reliques non authentiquées : de ceux enfin qui mettent l’accent sur des pratiques particulières et insignifiantes, au détriment des essentielles, ridiculisant ainsi la religion et diminuant la dignité du culte.
Nous vous remettons également en mémoire ce décret « sur les formes nouvelles du culte et de la dévotion qu’on ne doit pas introduire » [171], et Nous en recommandons la scrupuleuse observation à votre vigilance.
[170] Ps. LXVIII, 10 ; Jn II, 17.
[171] Suprema S. Congr. S. Officii : Décret du 26 mai 1937.
[Le chant grégorien]
[Le chant populaire]
Les autres arts dans le culte liturgique.
Ce que Nous venons de dire de la musique convient également à plusieurs autres arts, en particulier, à l’architecture, à la sculpture et à la peinture. Les œuvres modernes, les mieux harmonisées avec les matériaux servant aujourd’hui à les composer, ne doivent pas être méprisées et rejetées en bloc, de parti pris ; mais, tout en évitant, avec un sage esprit de mesure, d’une part les excès du « réalisme », et de l’autre ceux du « symbolisme », comme on les appelle, et tout en tenant compte des exigences de la communauté chrétienne plutôt que du jugement et du goût personnel des artistes, il importe extrêmement de laisser le champ libre à l’art de notre temps, qui, soucieux du respect dû aux temples et aux rites sacrés, se met à leur service, de telle sorte que, lui aussi, puisse unir sa voix à l’admirable cantique chanté, dans les siècles passés, par les hommes de génie, à la gloire de la foi catholique. Nous ne pouvons, cependant, Nous empêcher – c’est pour Nous un devoir de conscience – de déplorer et de réprouver ces images ou ces statues introduites récemment par quelques-uns, et qui semblent bien être une dépravation et une déformation de l’art véritable, en ce qu’elles répugnent parfois ouvertement à la beauté, à la réserve et à la piété, par le regrettable mépris qu’elles font de l’instinctif sentiment religieux, il faut absolument bannir ou expulser ces œuvres de nos églises, ainsi qu’ »en général tout ce qui n’est pas en conformité avec la sainteté du lieu » [179].
Dans l’esprit et la ligne des directives pontificales, ayez grand soin, Vénérables Frères, d’éclairer et de diriger l’inspiration des artistes, auxquels sera confié à présent le soin de restaurer et de reconstruire tant d’églises atteintes ou détruites par les violences de la guerre ; puissent-ils et veuillent-ils, s’inspirant de la religion, trouver le style le plus capable de s’adapter aux exigences du culte ; il adviendra de la sorte, fort heureusement, que les arts humains, semblant venir du ciel, resplendiront de lumière sereine et contribueront extrêmement au progrès de l’humaine civilisation, en même temps qu’à l’honneur de Dieu et à la sanctification des âmes. Puisqu’en toute vérité, les beaux-arts s’harmonisent avec la religion, dès lors qu’ils se comportent « en très nobles serviteurs du culte divin » [180].
[179] C.I.C. can. 1178.
[180] Pie XI, Const. Divini cultus.